Au
début du 17ème siècle, le bassin carolorégien est en plein essor et de
nombreuses petites exploitations minières fleurissent dans toute la
région. L'ancienne commune de Jumet n'échappe pas à la règle et, petit
à petit, les cayats présents sur son territoire fusionnent en sociétés
plus ou moins importantes dont les principales sont :
- La société du Bois de Bayemont,
- La société de Broce,
- La société de Naye à Bois,
- La société Notre-Dame au Bois,
- La société de la Petite Veine,
- La société du Bois de Jumet.
En 1880, la fusion des sociétés de Naye à Bois, de la Petite Veine, de
Broce et de Notre-Dame au Bois donna naissance à la Société Anonyme des
Charbonnages d'Amercoeur. En 1899, celle-ci rachète Société anonyme du
charbonnage du Bois du Cazier,
anciennement Société Tournay, de Decker, Brichart et Cie, dont l'unique
siège, le St Charles, fut abandonné l'année précédente suite à son
manque de rentabilité et à ses nombreux dégagements de grisou. Ce
siège, dont la concession fut accordée par Guillaume 1er en 1822
devient rapidement l'un des sites de production majeur de la société
avec une production estimée au début du 20ème siècle à 130.000 tonnes
de charbon par an. Entre 1904 et 1910, la surface exploitable du Cazier
fut augmentée suite à l'absorption des concessions de Marcinelle Sud et
du Bois du Prince. La mine couvre alors les localités de Marcinelle,
Couillet, Loverval et Gerpinnes.
En 1929, 1.673
ouvriers travaillent pour Amercoeur dont l'exploitation globale est
répartie en cinq sièges :
- Le siège St
Charles, - Le siège Naye à
Bois, - Le siège
Belle-Vue, - Le siège
Chaumonceau, - Le siège
Amercoeur (ancien puits Notre-Dame au Bois).
En
1954, la société Foraky est chargée de foncer un troisième puits sur le
siège du St Charles dans le but d'améliorer la ventilation et
d'augmenter la production qui est alors d'environ 170.000 tonnes à
l'année pour un effectif de 779 mineurs. Cependant, au matin du 08 août
1956, un important incendie se déclare à 975mètres de profondeur suite
à une berline mal encagée qui arracha des câbles électriques ainsi
qu'une conduite d'huile sous pression qui prit feu suite au contact
avec un arc électrique. L'incendie cumulé à la fumée noire et épaisse
entraîne l'inaccessibilité des deux puits dont les câbles des cages se
rompent suite à la chaleur dégagée. Alors que les familles se massent
devant les grilles du siège, les sauveteurs choisissent de descendre
dans la mine par le puits Foraky, alors toujours en cours de fonçage,
jusqu'à l'étage -765m dans le but d'accéder au puits d'extraction
souterrainement. Plusieurs mineurs furent retrouvés vivants sous une
berline mais , dès 16h30 de ce même jour, les sauveteurs ne
retrouveront plus que des cadavres. L'étage -1.035m ne fut atteint que
le 22août, confirmant ce que tout le monde redoutait : tutti cadaveri.
Le bilan est effroyable : 262 mineurs sont morts dans les chantiers du
Cazier pour seulement 13 survivants.
Il
s'agit de la plus grande catastrophe minière de Belgique. À la suite de
la catastrophe, d'importantes mesures furent adoptées en matière de
prévention des incendies miniers. Le port du masque à oxygène fut
déclaré obligatoire et, lors d'un conseil du CECA, une commission fut
mise en place pour élaborer diverses résolutions dont la majorité fut
appliquée dans le pays.
L'exploitation
reprit en 1957 mais suite à
la mise en liquidation de la Société Anonyme des Charbonnages
d'Amercoeur en 1961, le Cazier fut abandonné. Une extraction sporadique
fut reprise dès 1963 mais suite au manque de financement, le siège
stoppa définitivement ses activités en décembre 1967. Une longue
période d'abandon s'abattit ensuite sur le site qui devient rapidement
un chancre. durant cette période, la très grande majorité des
installations furent ferraillées et ce n'est qu'en 2001 que le site fut
classé par la Région wallonne. Des rénovations et des aménagements
s'imposent et en 2004, la tour Foraky fut malheureusement détruite. La
machine d'extraction et le ventilateur Guibal furent quant à eux
récupérés sur le siège du Ste Eugénie à Tamines. À l'heure actuelle, le
Bois du Cazier abrite le musée de l'industrie et le musée du verre
ainsi qu'un restaurant et est bien entendu un lieu de mémoire. Une
commémoration rassemblant des délégations minières de toute l'Europe a
lieu chaque 8 août autour de la cloche Maria Mater Orphanorum. Ce
regroupement se rend ensuite
au cimetière de Marcinelle pour y déposer des gerbes
de fleurs, un moment émouvant que je ne manque qu'à de rares occasions.
Je remercie Xavier pour ses fantastiques vues au drone !