C'est
à l'âge du bronze que les riches gisements argentifères du sud de la
Sierra de Lo Alto furent découverts. Très abondants en surface, ceux-ci
profitèrent grandement au développement industriel et économique de la
péninsule Ibérique.
Plus tard, ce sont les Phéniciens, les Grecs
et les Carthaginois qui bénéficièrent de ces affleurements avant la
prise de pouvoir de la région par les Romains. C'est grâce à ces
derniers que les premiers travaux souterrains débutèrent et que les
premières veines de plomb et de cuivre furent exploitées à cet endroit
ainsi que dans quelques petites galeries de recherche situées à l'est
de la Sierra de Las Moreras, dans une zone nommée Fortuna. Extrêmement
riches en minerais, ces mines sises à l'ouest des comptoirs maritimes
situés à proximité de l'actuelle ville de Mazarrón sont en fait les
restes d'un ancien cône volcanique nommé San Cristobal y Los Perules et
dont la dernière éruption supposée date du Miocène supérieur (6,2 à 5,5
Ma). Les filons plongeants trop profondément dans la terre, les Romains
abandonnèrent progressivement l'exploitation souterraine pour se
concentrer sur l'excavation d'une immense carrière à ciel ouvert qui
rabota totalement l'ancien volcan sur une surface de plus de 300 mètres
de long. Nommée "Corta Romana" puis "El Charco de la Aguja", cette mine
à ciel ouvert gérée par la Societas
Montis Argentaris Ilvcro
fut abandonnée lors du déclin de l'Empire Romain d'Occident avant
d'être exploitée de manière sporadique par des artisans locaux, en
particulier pour l'alun. Les siècles passants, ces zones minières
tombèrent néanmoins dans l'oubli jusqu'à ce qu'au 19ème siècle, de
nouvelles prospections ne remettent au jour les différents filons.
Trois parcelles de la région de Mazarrón retiennent alors l'attention :
- coto San Cristobal y Los Perules,
- coto Pedreras Viejas,
- coto Fortuna.
L'approfondissement
des recherches mène rapidement à la découverte de filons
particulièrement importants comme la veine San José ou encore la veine
Prodigio, un filon possédant un pendage de près de 70° et une puissance
comprise entre deux et quatorze mètres. Durant la seconde moitié du
19ème siècle, la libre prospection sur le domaine public par simple
notification à l'Administration, provoque une véritable fièvre minière
qui propulsa la ville de Mazarrón au Panthéon des villes industrielles
d'Espagne. Plusieurs mines comme Santa Ana, Triunfo, Recuperada ou
encore Talía se développe rapidement, ce qui ne tarde pas à motiver les
grandes entreprises du secteur à investir dans ces exploitations qui se
concentrent principalement dans l'ancienne carrière à ciel ouvert
romaine située dans la partie sud de San Cristobal y Los Perules. Au
fil des ans les différentes mines de la région sont progressivement
absorbées par ces différentes sociétés dont voici une liste :
- la Compañía
Minera Anglo-Hispana, - la Compañía de
Águilas, - la Sociedad
Minera la Buena Fé, - la Sociedad Unión, - la Sociedad San
Fernando de Mazarrón, - la sociedad
Herederos de Valarino, - la Sociedad
Especial Minera Santa Ana y San Juan, - la Sociedad
Trinidad, - la Compagnie
des Mines et Usines d'Escombrera-Bleyberg.
Active en France et dans l'est de la province de Liège en Belgique, cette dernière
fusionnera par la suite avec la Société Minière et
Métallurgique de Peñarroya,
une société française installée en Espagne sur le site minier de
Peñarroya-Pueblonuevo, dans la province de Cordoue. En 1886, San
Cristobal y Los Perules fut relié par voie ferrée à la fonderie Santa
Elisa située à Puerto de Mazarrón, ce qui participa grandement à
l'essor de cette zone dont le développement fut hélas entaché en 1893
par un puissant coup de grisou qui tua 28 mineurs dans les profondeurs
du siège Impensada, une mine dont le puits d'accès fut par la suite
renommé "pozo de los muertos".
Au début du 20ème siècle, Mazarrón
atteint un niveau économique et technologique sans précédent dans la
province de Murcie avec entre autres l'électrification des chantiers
ainsi que l'installation de machines à vapeur qui furent principalement
utilisées pour l'assèchement des travaux les plus profonds ainsi que
pour l'extraction. Avec le temps, les puits principaux de San Cristobal
y Los Perules furent tous absorbés par la Compañía de Águilas, une
société liée à la célèbre famille bancaire Rothschild et dont le
développement rayonne à présent bien au-delà de la ville de Mazarrón,
notamment à Bedar où elle exploite un riche gisement ferreux.
Voici une liste des principales mines actives à cet endroit :
- mina San Antonio de Padua,
- mina San José,
- mina Recuperada,
- mina Ledua,
- mina Santa Justina,
- mina Impensada,
- mina Tubal,
- mina de Ceferina,
- mina No te Escaparás,
- mina Triunfo,
- mina Talía.
Outre
la Compañía de Águilas, la Société Minière et Métallurgique de
Peñarroya reste également active mais de manière plus discrète et
principalement dans la zone minière de Pedreras Viejas avec entre
autres les mines Mazarronera, Semirámides y Cleopatra et Santa Isabel,
une exploitation composée de deux puits (San Emilio et Santa Isabel)
équipés de machines d'extraction à vapeur et qui possède une profondeur
de 327 mètres. Durant les décennies suivantes, la baisse du prix du
plomb nuit gravement à l'expansion des mines, d'autant plus que
certains filons commencent à s'épuiser. La guerre civile espagnole
sonne le glas de l'exploitation souterraine à Mazarrón mais, en 1951,
une nouvelle structure née à Bilbao nommée Minerales no Férricos, SA
(Minofer) reprend à son compte les anciennes zones d'exploitation de
Santa Ana, San Simón, Triunfo, Liebre, Aurora, San Antonio de Padua,
Cosme, San Vicente, Antoñita, Recuperada, San Agustín, Talía ainsi que
la mine luisito, une ancienne exploitation de minerai de fer située au
nord de la ville, afin d'y exploiter les stériles grâce à de nouveaux
bassins de flottation. Le retraitement de ces déblais se termina
finalement en 1962, mettant définitivement fin à l'exploitation minière
de Mazarrón.
Aujourd'hui, les différentes zones d'extraction de
la région sont dans un état d'abandon total mais il est possible de se
promener librement à travers les différents sièges, une balade
incroyable et magnifique ponctuées de machines, de chevalements et de
ruines industrielles, le tout dans un décor féérique et grandiose.
Reportage sur les
incroyables zones minières de San Cristóbal et de Los
Perules, une véritable féérie.
Reportage sur les
vestiges de la zone minière de Pedreras Viejas, dans la périphérie de
Mazarrón.
Reportage sur le petit siège Luisito, une ancienne mine de fer située au nord de Mazarrón..
Copyright (c) / Photos by Nicolas
Elias, Xavier Fer & Laura Dambremont