À la
fin du 19ème siècle, alors que des dizaines de sondages fructueux ont
eu lieu dans la région frontalière située entre le Harz et la Thuringe,
fut fondée la mine de potasse royale de Prusse. Située à Bleicherode,
cette mine est située sur un gisement constitué à l'ère tertiaire et
constitué de 22 sels minéraux différents. Le bassin potassique situé au
sud du Harz est en fait le prolongement de la kalirevier, il s'étend de
Bischofferode au nord-ouest à Göllingen à l'est, à cette époque la
région compte 33 puits dont certains fonçés sans nécessité technique,
en tant que puits à quota. Entre 1899 et 1903, deux puits sont fonçés
sur le nouveau siège
Karl Liebknecht, du nom du politicien
social-démocrate allemand (1871-1919), à Bleicherode et sont baptisés
Velsen I et II, du nom de l'ingénieur en chef des mines Gustav Von
Velsen (1847-1923). En 1904, les puits entrent en production, aidés par
l'utilisation de perceuses électriques, d'explosifs non-brevetés et de
locomotives électriques, des procédés extrêmement novateurs pour
l'époque.
En 1924, après le remplacement des chevalements en
bois par des structures en acier, Karl Liebknecht est reprise par la
Kaliwerk Preußag
Bleicherode. C'est à cette période que l'Allemagne
fait face à une grave crise de surproduction. Celle-ci entraîne une
ordonnance de déclassement qui sera fatale pour les plus petites mines
du bassin, les plus performantes n'arrivant à survivre qu'au prix d'une
modernisation intensive et coûteuse entraînant de nombreux
licenciements. Le développement de la potasse sera par la suite
grandement influencé par la seconde guerre mondiale. En effet, la
majorité des sociétés salicoles et potassiques de la région furent
saisies par l'administration militaire soviétique pour l'Allemagne afin
d'épancher l'immense dette de guerre, les bénéfices de ces sociétés
étant transférés dans diverses sociétés anonymes soviétiques.
Après
la proclamation de la République Démocratique d'Allemagne, en 1949, les
mines furent progressivement récupérées par l'Allemagne. La mine prend
alors le nom de VEB
"Karl Liebknecht" Bleicherode avant d'être placée
sous une administration centrale du nom de Kombinat Kali en 1970. Ce
groupement reprenait une très grande partie des mines de sel et de
potasse dans une zone allant de Zielitz à la Werra, les différentes
sociétés composant ce groupement étant la VEB Kalibetrieb Zielitz, la
VEB Fluß- und Schwerspatbetrieb Lengenfeld, la VEB Kali und
Steinsalzbetrieb Saale – Staßfurt, la VEB Kalibetrieb Werra – Merkers
ainsi que la VEB Kalibetrieb Südharz – Sondershausen dont fait partie
le siège Karl Liebknecht. La production du Kombinat Kali était énorme
et remplissait très largement les besoins en minerais de la RDA, le
surplus étant exporté vers les pays du bloc soviétique. Cette période
de prospérité entraîne une très nette amélioration de la qualité de vie
des travailleurs dont le salaire augmente considérablement. En 1985, on
estime la production locale à plus de 3.5 millions de tonnes de
potasse, ce qui en fait le troisième producteur mondial derrière le
Canada et l'Union Soviétique. Après la chute de la RDA, les marchés
d'Europe de l'Est s'effondrèrent, entraînant une très forte diminution
de la production La VEB "Karl Liebknecht". Bleicherode prend alors le
nom de Kali Südharz AG / Bergwerk Bleicherode mais elle ne se releva
jamais et ferma ses portes à peine un an plus tard.
Le siège fut
repris en 1996 par la NDH
Entsorgungsbetreibergesellschaft mbH, une
entreprise gérant l'enfouissement de déchets intraitables provenant
principalement de fonderies, d'incinérateurs et de centrales
électriques. Le siège est à présent classé et fait partie sans conteste
des plus beaux sièges d'Allemagne.