Les
premières traces d'une mine de fer dans la région
remontent à l'antiquité mais c'est véritablement en 1847 que
l'extraction industrielle débute sous le nom de grube Fortuna.
La superficie de la concession est
alors de 1.035712 m² et est dirigée par la famille Solms-Braunfels,
des
industriels qui possèdent plusieurs mines dans le Sauerland ainsi que
l'aciérie Georgshütte à Burgsolms qui sera reliée à Fortuna grâce à un
téléphérique de 3.6 km de long. D'abord à ciel ouvert, la mine devient
souterraine en 1901, lors du fonçage du puits N°1 qui atteint la
profondeur de 44mètres dès 1902. En 1906, les Solms Braunfels vendent
la concession minière à la Fried Krupp AG,
société
métallurgique
immense basée à Essen dans la Ruhr. Désireuse d'augmenter la production
de minerais de fer pour ses hauts fourneaux, les Krupp achètent
l'ensemble des terrains environnants et portent la concession à plus de
4,6 millions de km².
En 1907, un deuxième puits est creusé à
Fortuna, il atteint rapidement les 150 mètres de profondeur et sert
principalement pour le transport. Pour évacuer le minerais, un deuxième
téléphérique de 3,28 km de long est construit pour relier la mine à la
gare de triage d'Albshausen. La première guerre mondiale épargne le
siège mais des dizaines de prisonniers de guerres seront contraints au
travail forcé sur les chantiers jusqu'à l'armistice de 1918. En 1943,
le chevalement du puits N°1 s'effondre suite au pourrissement
progressif de sa structure en bois. Suite à cet incident, un tunnel est
percé dans la roche jusqu'à la recette située à trente mètres de
profondeur et c'est par ce tunnel que les ouvriers descenderont par la
suite. En 1953, la Harz
Lahn Erzbergbau AG fait l'acquisition d'une
grande partie des mines de fer de la région dont grube Waldhausen et
Grube Eppstein. Cette société est détenue à 50% par les Krupp et à 25%
chacun pour Hoesch et Klöckner, des industriels allemands spécialisés
dans la métallurgie.
Dans les années soixante, un appauvrissement
général des gisements poussent les investisseurs de la Harz Lahn
Erzbergbau AG à rechercher du minerais ailleurs. La fosse Fortuna
continue d'extraire en équipe réduite mais plusieurs mines du Sauerland
ferment leurs portes. En 1966, la mine de manganèse et de cuivre de
Waldhausen ferme ses portes. Active depuis 1822 et détenue par les
Krupp depuis 1897, cette mine a produit au cours de sa vie 919.687
tonnes de minerais. La crise d'après guerre entraîne malheureusement
l'arrêt d'une multitude d'aciérie allemandes et en 1981, Sophienhütte,
une aciérie de Wetzlar et principal client de la mine, ferme ses portes.
Grube
Fortuna ferme ses portes le 3 mars 1983 et dès le 16 mai, une majorité
d'anciens mineurs du site sont réembauchés dans le but d'ouvrir une
mine témoin destinée au secteur touristique. Grâce au soutien des
villes et communes de Wetzlar, Asslar, Solms, Braunfels, Leun et
Ehringshausen, le musée de la mine de Fortuna est ouvert dès 1985 et
permet aux visiteurs de descendre à 150 mètres de profondeur et de
rejoindre les chantiers grâce à un train de mine ( une vidéo de ce voyage en
train est visible ici ). La Harz Lahn
Erzbergbau AG fut dissoute en 2003 et sa dernière mine en activité,
Barbara Rohstoffbetriebe GmbH, fut reprise par la société de carrière
Ferdinand Wesling GmbH & Co. Cette exploitation de fer est
toujours en
activité aujourd'hui.