Après la perte de la Sarre, suite
au traité de Paris de 1815, la France se retrouve coupée des
importantes exploitations de charbon de l'est. Voulant découvrir le
prolongement du gisement en Lorraine, de nombreux prospecteurs
commencèrent à sonder le sol et c'est en 1817 que le charbon est enfin
découvert à proximité du village de Schœneck. À la suite de ce sondage,
la première concession du bassin est attribuée à la Société des Houillères de
Schoenecken, dirigée par Messieurs Gangloff, Thieret et
Rupied.
Dix ans après cette découverte, le puits commence à produire mais
l'ennoyage de ce dernier mène rapidement à son abandon. La société est
dissoute en 1840 avant d'être reprise par le fils de Gangloff qui
n'arrive pas à redémarrer l'exploitation. La concession de 2.679
hectares est ainsi revendue en 1846 à Charles de Wendel ainsi qu'à
Georges Tom Hainguerlot et au baron d'Hausen qui fondèrent ensemble la Compagnie des Houillères de
l'Est qui deviendra la Compagnie des Houillères de
Stiring en 1853. Ces derniers entreprennent rapidement de
nouveaux sondages afin de délimiter le gisement et, en 1849, le fonçage
des puits Ste Marthe et Ste Stéphanie débute à Stiring. Ces travaux se
révèlent hélas décevant et ces puits sont abandonnés entre 1853 et
1854. De Wendel décide alors de prospecter plus à l'ouest, à
Petite-Rosselle, où débute le fonçage du puits St Charles I en 1854. Le
succès est cette fois au rendez-vous et dès 1856, le puits commence à
produire un charbon d'excellente qualité. La même année, un puits de
recherche est creusé à 1,5 kilomètres au sud-est du St Charles. Nommé
"puits de l'Urselsbrunn", ce dernier mènera au fonçage des puits Wendel
1 et 2, mis en service en 1868 et en 1871 puis à la création du siège
Vuillemin qui entra en exploitation en 1876, après l'absorption de la
Moselle, du Haut-Rhin et du Bas-Rhin par l'Allemagne. Le 26 novembre
1876, un violent incendie se déclare dans la veine Henri au siège
Wendel. Il ne sera éteint que trois ans plus tard, après la
condamnation des chantiers impliqués. Avec le temps, la Compagnie des
Houillères de Stiring passe sous le contrôle total de la famille de
Wendel avant sa dissolution, en 1889. Les avoirs de la société passent
ainsi dans le patrimoine de la Société des Petits-fils de
François de Wendel et Cie, basée à Hayange. Spécialisée
dans la sidérurgie, cette dernière fonde une nouvelle société pour
gérer ses houillères : la Compagnie
des Houillères de Petite-Rosselle. Au début du 20ème
siècle, de nouveaux sondages menés à Stiring mènent au fonçage des
puits Simon 1 et 2 qui entrent en exploitation avant l'entrée en guerre
de l'Allemagne.
Six sièges sont alors en fonction pour une production de 3.800.000
tonnes par an :
- le siège Simon 1/2,
- le siège St Charles 1/2,
- le siège Gargan 1/2,
- le siège St Joseph 1/2,
- le siège Vuillemin 1/2,
- le siège Wendel 1/2.
Après le conflit, le land Elsaß-Lothringen redevient français et les
mines sont provisoirement placées sous séquestre avant d'être reprises
par la France. Durant la période de l'entre-deux-guerres la société
modernise considérablement le sièges Wendel ainsi que le siège Simon
qui se voit doté d'un troisième puits en 1932. Pendant la seconde
guerre mondiale, la Moselle est de nouveau annexée par l'Allemagne et
les différents sièges passent entre les mains de l'occupant qui les
délègue aux exploitants Sarrois. L'exploitation intensive réalisée
durant cette période met à mal les chantiers et les sièges qui sont
pour la plupart en ruine lors de la libération. Après la remise en
service des installations et l'intégration des différents sièges au
sein du Groupe de
Petite-Rosselle, un
troisième puits est mis en chantier sur le siège Wendel tandis qu'un
quatrième puits destiné à l'aérage est foncé au siège Simon. Ce dernier
suivi par un cinquième puits qui entra en fonction en 1958. C'est
également à cette époque qu'un nouveau lavoir à flottation entre en
service sur le siège Wendel et que les différents puits se voient
équipés de nouveaux chevalements ainsi que de nouvelles machines
d'extraction dont voici un descriptif :
- puits 1 : Machine bicylindroconique équipée de moteurs Alsthom de
3.160 CV.
- puits 2 : Machine à poulie Koepe équipée de moteurs Alsthom de 3.160
CV.
- puits 3 : Deux machines à poulie Koepe équipées de moteurs Alsthom de
3.800 CV.
Le siège Wendel extrait alors quotidiennement 10.000 tonnes de charbon
pour un effectif de 5.000 mineurs. Dans les années 60, les sièges St
Charles, Vuillemin et Gargan ferment leurs portes tandis qu'un nouveau
puits de 875 mètres de profondeur entre en fonction : le puits
Marienau. En 1985, alors que son exploitation se concentre depuis les
années 70 sur les puits 1, 2 et 5, le siège Simon subit un violent coup
de grisou qui entraîne la mort de 22 mineurs et fait plus de 100
blessés. Il s'agit de la dernière catastrophe minière de France. En
1989, malgré son importance, le siège Wendel ferme définitivement ses
portes entraînant un regroupement logistique sur le siège Simon qui
devient dès lors le seul siège en activité de la société. Ce dernier
fermera malheureusement ses portes le 5 décembre 1997, après la
remontée d'une dernière berline symbolique.
Aujourd'hui, de nombreux vestiges de la société sont encore visibles
mais les plus importants sont sans aucun doute le siège Wendel ainsi
que le chevalement du puits N°2 du siège Vuillemin qui furent conservés
et intégrés depuis 2006 au plus grand musée de la mine du pays, un site
incontournable.
Musée du
carreau Wendel
Rue du Lieutenant Joseph Nau
57540 Petite-Rosselle https://parc-explor.com/
Je remercie Xavier pour la participation au reportage.
Galerie contenant un reportage sur les vestiges des
sièges Wendel et Vuillemin.
Reportage sur le siège Simon et ses annexes.
Reportage sur les Houillères Saint Charles.
Reportage sur les sièges Sainte Marthe et Gargan..
Interview d'Alain Meier, ancien mineur et sauveteur à
Petite-Rosselle.
Copyright (c) / Photos by Nicolas
Elias, Xavier Fer & Laura Dambremont