Héritière d'un petit groupe de
puits actif depuis le 13ème siècle, la société des Joncs
a été créée à la moitié du 16ème siècle. Relativement modeste, sa
production est alors ramassée au sol ou extrait dans de petits puits
d'une dizaine de mètre maximum. C'est au 18ème siècle que la société
prend de l'importance grâce à deux bures :
- Le bure
Tricnotte,
- Le bure
Beaujonc.
Le
28 février 1812, 129 mineurs travaillent au bure Beaujonc, à 170 mètres
de profondeur. C'est alors que le porion Hubert Goffin fut alerté par
le chargeur Mathieu Laheye que des trombes d'eau tombaient dans le
puits. Comprenant que la mine allait être noyée, Goffin veut remonter
le plus vite possible avec son fils mais il laisse sa place dans le
cuffat à un ouvrier aveugle. Celui-ci revient plusieurs fois au fond
mais la frayeur pousse les mineurs à s'accrocher à l'extérieur de
celui-ci, ce qui causa plusieurs chutes fatales. Goffin et Laheye
réunissent alors les rescapés et se dirige vers le puits Mamonster, un
siège très important appartenant à la société voisine de la
Patience. Dans les chantiers de celui-ci, les secours se relaient jour
et nuit pour réaliser une connexion avec Beaujonc et, au bout de cinq
jours, les sauveteurs parviennent à faire remonter 70 mineurs à la
surface. Hubert Goffin sortira le dernier, après 127 heures de
calvaire. Il reçut la légion d'honneur des mains du Préfet le 12 mars
1812.
Après cet incident, la société de Beaujonc assécha les
chantiers avant de reprendre l'extraction. L'état des galeries ne
permit malheureusement pas de retrouver sa production optimale et des
graves problèmes d'aérage viennent encore assombrir le tableau au point
qu'en 1817, plusieurs coups de poussière eurent lieu en l'espace de
quelques semaines. L'administration des mines fit donc provisoirement
fermer le puits en attendant que la société lui soumette un plan
d'exploitation plus sécuritaire. L'administration n'ayant pas reçu
satisfaction, le gouverneur prit la décision d'interdire l'exploitation
de Beaujonc tout en maintenant l'épuisement des eaux. Cette
interdiction fut maintenue jusqu'en mars 1819. Cependant, les travaux
d'épuisement ne furent jamais effectués et la société décida de vendre
ses machines tout en maintenant sa concession jusqu'en 1837. Malgré ces
évènements, la société ne fut pas échue et, en 1839, la fusion de
Beaujonc avec la Société
de la Conquête mit fin au veto de l'administration.
Cette société, dont les premiers puits datent du 18ème siècle, fait
alors partie d'un groupement avec la Société Patience et Loffeld,
elle même issue d'une fusion et compte à cette époque une quarantaine
d'actionnaires dont Gilles-Antoine Lamarche, pionnier de la métallurgie
liégeoise.
À la moitié du
19ème siècle, la société exploite par ces puits :
- Bure Patience,
- Bure Mamonster,
- Bure du Renard,
- Bure de
Chayecotte,
- Bure Loffeld.
En janvier 1841, la société devient la Société de Patience et
Beaujonc Réunis.
À cette époque, la question de suspendre l'exploitation du puits
Loffeld au bénéfice des puits Beaujonc et Patience fut débattue.
Cependant, l'état des chantiers de ceux-ci repoussa la décision
jusqu'en 1847, année de fermeture définitive de Loffeld. La société,
qui possède alors une concession de 285hectares, devient une société
anonyme en 1860 et entreprend dès lors d'importants travaux d'exhaure.
Au début du 20ème siècle, l'épuisement progressif d'une partie de la
concession mit fin à l'exploitation des puits Mamonster et Patience. La
société entreprend dès lors de construire de nouveaux sièges et, en
1925, trois sièges sont en exploitation :
- Le siège
Beaujonc,
- Le siège de la
Bure aux femmes,
- Le siège Fanny.
Le
nom de ce dernier provient du prénom de la femme de monsieur Durieux,
directeur de l'époque. En 1929, l'extraction s'arrête au siège Beaujonc
qui servira désormais à l'aérage de la Bure aux femmes. Le siège Fanny
fermera quant à lui ses portes en 1942, en plein conflit mondial. La
société décide alors de moderniser son dernier puits d'extraction et le
dote de nouvelles installations de triage. Sa production est de 219.700
tonnes en 1963 mais, en décembre 1967, le comité ministériel entame la
fermeture progressive du siège dont la production sera réduite de
moitié à partir d'octobre 1968. C'est finalement le 31 décembre 1969
que la société mit définitivement fin à ses chantiers.
Après la fermeture, la société se reconvertit dans la production de
carton sous le nom Pabecar (PAtience
BEaujonc
CARton).
Elle fusionnera avec le groupe Catala en 1978.