Au
19ème siècle, l'accélération de l'aménagement du territoire amène
divers exploitants à ouvrir des carrières de pierres dans toute la
vallée de l'Ourthe. En effet, on retrouve dans cette région
d'importantes couches de grès, une roche sédimentaire formée il y a 370
millions d'années, à l'époque où la Belgique se trouvait sous la mer.
Le grès est souvent utilisé pour la maçonnerie et la sculpture mais il
sert également à la fabrication de pavés et de dalles. C'est ainsi
qu'au début du 20ème siècle, une petite carrière à ciel ouvert voit le
jour dans le hameau de Géromont, près de Comblain-au-Pont. Nommée "carrière du Petit Banc",
celle-ci se caractérise par un front de taille très régulier composé
comme suit :
- grès du Famennien,
- grès schisteux,
- grès dolomitique.
Ces
deux dernières, friables et très fines, se retrouvent principalement en
surface. C'est pourquoi il fut envisagé, dès la fin de la première
guerre mondiale, d'exploiter le grès souterrainement. C'est finalement
en 1935, sous l'impulsion de la famille Roussel, que débute le
creusement de la carrière
souterraine du Grand Banc.
Disposée en chambre et piliers, cette carrière exploite principalement
une couche de grès du Famennien de plusieurs mètres d'épaisseur
s'enfonçant dans la terre suivant un pendage de 20°.
La pierre est
exploitée par une vingtaine d'ouvriers et est taillée directement dans
la carrière. Outre le haveur, on retrouve donc également des refendeurs
ou encore des épinceurs dont le travail consistait à tailler les blocs
en pavés. Produisant une moyenne quotidienne de 160 pavés, ces ouvriers
étaient payés à la pièce et à la qualité du travail, ce qui pouvait
parfois fortement varier suivant le calibre des différentes commandes.
À l'époque, 67 pavés différents étaient produits dans la région mais le
Grand Banc s'était principalement spécialisé dans ceux-ci :
- les perluzettes (des pavés plats de dimensions variables),
- les mosaïques de calibres 5/7,6/9 et 9/11,
- les platines,
- les pavés de route 14/16,
- les pierres d'angles.
La
production était par la suite remontée à l'aide un treuil situé en
surface via une descenderie d'une cinquantaine de mètres de long.
Durant l'entre deux guerres, l'exploitation de cette carrière est
florissante mais la crise économique met un frein à l'expansion de
celle-ci. La carrière souterraine fut à nouveau exploitée dès 1946 mais
la demande en pavé durant la période d'après guerre ne cessa de chuter
et, en 1966, l'extraction du grès au Grand Banc s'arrêta. Elle fut
néanmoins réexploitée après cette date par Jules Roussel dans le but
d'honorer certaines commandes spéciales avant d'être définitivement
abandonnée par la suite.