Dès
le 12ème siècle, l'extraction du charbon dans la région liégeoise amène
une prospérité et un développement sans précédent. D'abord ramassée en
surface, la houille sera ensuite extraite dans des galeries à flanc de
coteaux puis dans des mines dont la plus basse atteignait 913m de
profondeur. En l'absence de contraintes de l'Etat et pour des raisons
de rentabilité, les concessionnaires de ces mines n'ont que très
rarement procédé au remblayage systématique des galeries, ce qui
provoqua, petit à petit, l'effondrement des terrains supérieurs. On
estime que pour une couche d'un mètre de charbon exploitée, le sol en
surface descend de 50centimètres. En amont de Liège, la descente
moyenne des sols a fluctué durant de nombreuses années à des niveaux
allant de cinq à dix centimètres par an pour atteindre actuellement une
ampleur de quatre à six mètres en moyenne. Ces effondrements
généralisés ont progressivement mis la plaine alluviale de la Meuse,
fortement urbanisée et industrialisée, à portée de crues de plus en
plus fréquentes et importantes. En 1880, d'importants débordements
seront à l'origine de la première station de démergement. Construite
par Cockerill
pour protéger ses installations de Seraing, cette station
est encore en service aujourd'hui. Cependant, ce sont les inondations
de 1925 et 1926 qui furent les plus dommageables, forçant les autorités
publiques à réagir. Celles-ci se déclarent le 1er novembre 1925 lorsque
les eaux montèrent brutalement de 30centimètres puis stagnant pendant
des jours avant de s'élever à nouveau en janvier 1926 pour atteindre
les étages des maisons situées sur la rive, engendrant la fermeture des
écoles et des industries. Lorsque les eaux se retirent enfin, tout est
désolé. Hector Biefnot, alors directeur des travaux, conçoit alors un
projet pour mettre les communes du bassin à l'abri des inondations. De
puissantes digues sont alors construites par l'Administration des Ponts
et Chaussées qui entreprend également le dragage de la Meuse ainsi que
la suppression de plusieurs petites îles, contribuant ainsi à
régulariser le débit du fleuve. Toutefois, ces travaux sont insuffisant
pour palier les soucis liés aux grandes crues et la fermeture
progressive des charbonnages engendre un nouveau problème : le
relèvement de la nappe phréatique attribué à la cessation des pompage
effectués en profondeur.
L'installation de démergement de
Cockerill ayant prouvé son efficacité, il fut décidé, dès 1928, d'en
construire plusieurs entre Flémalle et Herstal, le but étant d'évacuer
dans la Meuse les eaux provenant des collines et des plateaux faisant
partie du bassin hydrographique, ce système présentant l'avantage de ne
pomper que les eaux qui ne peuvent rejoindre le cours d'eau
naturellement. Il existe actuellement cinq exutoires en amont de Liège
dont le plus important possède un débit maximum de 25m³/sec.
Pour
limiter la pose excessives de canalisations, l'Association
Intercommunale pour le démergement et l'épuration (AIDE) décida
de
construire de grands bassins d'orage dont la capacité varie
actuellement entre 2.000 m³ à 9.000 m³.
Trois types d'eaux y sont collectés :
- Les eaux de pluie,
- Les eaux usées des particuliers et des industries,
- Les eaux d'infiltration de la nappe aquifère.
En
amont de Liège, les eaux d’infiltration dans les caves des immeubles
sont collectées dans un réseau de collecteurs inférieurs, profond,
spécifiquement dimensionné pour ces eaux. Les autres eaux sont
collectées dans un réseau de collecteurs supérieurs, qui s’apparente à
un égouttage classique mais qui est équipé des protections nécessaires
contre les retours d’eau du fleuve en crue et qui a été conçu pour
résister aux affaissements miniers, toujours en cours lors de leur
construction. Les eaux récupérées sont ensuite dirigées vers une
installation de démergement qui s'occupe de rejeter ces eaux dans la
Meuse. Les stations principales recueillent les eaux des collecteurs
supérieurs qui drainent les eaux usées et résiduaires ainsi que les
eaux de pluie et d'infiltration. Ces eaux arrivent ensuite dans deux
puisards situés sous une des salle des pompes dont chacune de celles-ci
sont équipées de conduites d'aspiration et de refoulement qui
débouchent sous le niveau d'étiage du fleuve ( qui se situe à 60m au
dessus du niveau de la mer ), l'amorçage des pompes étant assuré par la
réalisation d'un vide d'air. Il est à noté que les installations de
démergement les plus récentes, situées principalement en aval de Liège,
sont dotées de deux puisards situés de de part et d'autre d'une salle équipée d'un puissant
groupe motopompe s'amorçant naturellement par gravité. Les stations
secondaires sont quant à elles prévues pour relever les eaux
d'infiltration dans des collecteurs inférieurs construits à grande
profondeur, l'amorçage des pompes étant semblable à celui des stations
principales les plus récentes. Ces eaux sont ensuite relevées dans les
collecteurs supérieurs qui aboutissent dans les salles de pompes
principales.
L'arrêt définitif des charbonnages au cours de la
seconde moitié du 20ème siècle permit de ralentir le phénomène
d'effondrement du sous-sol dont la dernière descente significative date
de 1977. À ce jour, trente stations principales et treize stations
secondaires sont actives dans le bassin, comptabilisant douze bassins
d'orage ainsi que 207 kilomètres de collecteurs et d'exutoires évacuant
annuellement 30.000.000m³ d’eau dans la Meuse et dans l’Ourthe.