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C'est au 16ème siècle que l'on retrouve les premières traces d'extraction dans la région de Trembleur. Exploitée sous l'impulsion des moines de l'Abbaye de Val-Dieu, la houille a la particularité de se trouver à très faible profondeur à cet endroit. Au fur et à mesure des années, l'Abbaye s'associera avec plusieurs exploitants locaux mais c'est au 18ème siècle que la région connu son essor grâce à Gaspar Corbesier. En effet, celui-ci exploite depuis deux générations des petites mines sur les territoires des communes d'Argenteau, Mortier, Saint Remy et Trembleur tout en ayant des rapports étroits avec de grosses sociétés limitrophes telles que Cheratte ou Wandre.
À la mort de Gaspar, en 1809, trois de ses quatre fils, Jean, Philippe et Urbain, reprennent les affaires paternelles et poursuivent l'extraction tout en introduisant deux demandes de concession, en 1810 et en 1818. Le passage du régime français au régime hollandais retarde cependant l'obtention de ces accords qui ne seront actifs qu'en 1848, lors de la création des concessions d'"Argenteau" et de "Trembleur".

Après la création de la Société Corbesier Frères, plusieurs puits sont fonçés à Trembleur et à St Remy :

- le puits des Trois Frères,
- le puits Urbain,
- le puits de Bouhouille.

L'exploitation de ceux-ci demeure cependant très sporadique du fait de la difficulté des conditions de travail dans les chantiers ou les infiltration d'eau sont très abondantes. De plus, le manque de clients et la mauvaise situation de ces mines, dont les grandes voies de communication sont inexistantes, finissent par décourager les investisseurs. Malgré ce constat peu prometteur, les frères Corbesier entament dès 1849 le fonçage du puits Marie dont les installations seront totalement opérationnelles dès l'année suivante. Cependant, la mise en service de celui-ci tarde et la mort de Jean et de Philippe, en 1853 et 1854, alliée au manque de capitaux n'arrange pas les choses. C'est finalement en 1864 que le puits commence à exploiter la veine "Grande Fontaine", à 170 mètres de profondeur. Après avoir atteint une profondeur de 236 mètres, des aménagements sont réalisés en surface dont la construction d'une liaison ferroviaire entre le siège Marie et l'axe Liège-Maastricht. En 1867, la mort d'Urbain entraîne un ralentissement de l'activité et c'est Gaspard Corbesier, le quatrième frère qui reprend les rênes de la société. Malheureusement, l'activité finit par s'interrompre totalement et en 1873, le puits Marie, alors à l'abandon, est placé en réserve.

La relance débute le 23 février 1882, lors de la constitution de la Société Anonyme des Charbonnages d'Argenteau-Trembleur dont Gaspard, devenu entre-temps bourgmestre d'Argenteau, devint le premier président du conseil d'administration. En 1883, le puits Marie est modernisé et deux chaudières neuves ainsi qu'un culbuteur, une nouvelle machine d'extraction et un chevalement provenant du charbonnage de Cheratte, fermé depuis 1878, y sont installés. Cette même année verra l'unification des deux anciennes concessions d'Argenteau et de Trembleur mais la situation de la société reste difficile et l'extraction y est pratiquement insignifiante. La démission du directeur Dieudonné Dupont, deux ans plus tard, propulse Gaspard Corbesier au rang d'administrateur délégué et, quelques mois plus tard, le puits Marie est abandonné avant que la société entière ne soit mise en liquidation, le 10 août 1887. Un espoir fait cependant son apparition en la personne de Charles de Ponthière, ancien administrateur, qui racheta l'entreprise en 1891 afin de la rendre enfin viable. La reprise fut malheureusement stoppée par l'afflux d'eau dans les galeries et en 1896, la mine est à nouveau abandonnée.
22 ans plus tard, Charles de Ponthière s'associe avec Alexandre Ausselet, propriétaire des charbonnages de Tamines et de Villers-le-Bouillet, et fonde, avec l'aide d'un groupe d'industriels, la Société Anonyme des Charbonnages d’Argenteau. Dès 1920, d'importants travaux sont entrepris et dans les mois qui suivirent, le puits Marie fut remis en service avec deux nouveaux étages exploitables. Outre la construction de nouvelles installations, la modification majeure du siège est le fonçage du puits N°1 dont la profondeur atteindra 234 mètres en 1929 avant d'être équipée d'une tour d'extraction. À la fin du mois de décembre 1925, une importante crue frappe la région liégeoise et provoque la submersion de la vallée et le noyage de la mine d'Argenteau dont les pompes furent coupées suite à une panne de la centrale électrique de Bressoux. Cet incident aura de graves conséquences sur la production qui enregistre une chute significative de 10.000 tonnes de charbon l'année suivante. Alors que les travaux du puits N°1 se poursuivent, la crise de 1929 arrive mais contre toute attente, celle-ci ne ralentit pas la production dont la qualité exceptionnelle provient désormais des veines des "sept poignées" et des "quinze poignées". Hélas, ces deux veines finissent par s'épuiser, provoquant une nouvelle diminution de l'extraction et amenant les exploitants à envisager une nouvelle fermeture entre 1934 et 1937. Des recherches entreprises par l'ingénieur Jacques Ausselet permirent cependant de retrouver de nouvelles couches exploitables, assurant désormais la pérennité du charbonnage pour les années à venir.

L'arrivée des Allemands sur le territoire belge provoque la destruction de la tour d'extraction du puits N°1 par l'armée belge, qui craint que celle-ci ne soit utilisée comme tour d'observation par l'ennemi. La puissance de l'explosion est telle qu'elle endommage fortement la plupart des installations de surface dont seul le puits Marie en réchappa totalement. L'endommagement de la sous-station électrique menant à l'arrêt de l'exhaure, l'eau fait sa réapparition dans les chantiers qui finirent noyés jusqu'au niveau de l'étage -170 mètres. Le travail reprit en juin 1942 avec la construction d'une nouvelle tour d'extraction, réalisée sans l'aval des allemands. Durant l'occupation, la direction choisi de ralentir au maximum son exploitation mais, en 1944, les menaces de déportations contraignent le directeur Jacques Ausselet à relancer la production, en la limitant toutefois à une trentaine de tonnes par jour, traitée dans une installation de triage manuelle en attendant la reconstruction définitive du nouveau triage-lavoir, débutée en 1942. Après la guerre, la reconstruction du siège est terminée et l'approfondissement du puits N°1 est mise en chantier et, en 1960, le puits atteint la profondeur maximale de 760 mètres. À partir de 1960, le Ministère des affaires économiques, sous l'impulsion de la Communauté Européenne du Charbon et de l'Acier, mène des recherches de reconversion pour les sites industriels et pour le reclassement du personnel. Cependant, Argenteau ne retient pas l'attention des investisseurs mais la loi sur l'expansion économique de 1970 offre une nouvelle chance au charbonnage qui obtient la même année son plus haut taux de production, une incroyable performance qui arrive juste avant la décision de la prochaine vague de fermeture et qui poussa les décisionnaire à faire du siège d'Argenteau, le dernier charbonnage du bassin liégeois.
Après sa fermeture, le 31 mars 1980, plusieurs pistes sont évoquées concernant la reconversion du site et c'est finalement la piste touristique qui est privilégiée. Aujourd'hui, l'ancien charbonnage est classé à l'Unesco parmi les quatre sites miniers majeurs de Wallonie et une visite des installations souterraines est possible aux étages -30 et -60 mètres, faisant de ce site un acteur majeur du tourisme wallon.

Je remercie Xavier pour ses photos de la machine et de la recette.

Blegny-mine
Rue Lambert Marlet, 23
4670 Blegny
https://www.blegnymine.be/

      Galerie contenant un reportage sur la tour d'extraction du puits N°1 ainsi que sur la recette.

      Reportage sur la partie souterraine du musée, à -30 et -60m 

      Reportage sur le triage-lavoir de la S.A. des Charbonnages d'Argenteau-Trembleur.

      Reportage sur le puits d'aérage de la mine.

      Reportage sur le puits Marie et sur ses installations.

      Reportage sur la mise à terril du charbonnage.

      Reportage sur les bornes de puits de la société.


Copyright (c) / Photos by Nicolas Elias, Xavier Fer & Laura Dambremont