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Les débuts de l'extraction du charbon à Witten remontent au 17ème siècle. À cette époque, la Ruhr est principalement agricole mais, en 1742, les différents affleurements qui parsèment la région poussent le baron Friedrich Christian Theodor von Elverfeldt à racheter les différents terrains avant d'introduire une demande d'exploitation pour une société nommée zeche Nachtigall am Hettberge. Il obtiendra le droit d'exploiter cette dernière dès 1743. L'extraction du charbon se fait alors à la main via de petits tunnels à flanc de coteaux, les mineurs étant exclusivement employés sur une base quotidienne ou hebdomadaire en fonction des commandes. En 1750, seuls huit mineurs travaillent dans la Nachtigall Stollen. En 1787, son fils, Levin von Elverfeldt, prend la relève avant de multiplier ses avoirs miniers. À la fin du siècle, ce dernier possédait des parts dans 39 mines situées au sud du bassin. Levin von Elverfeldt ne fit hélas jamais fortune et, en 1825, son fils Ludwig reprendra une société lourdement endettée. L'entreprise se relève en 1824, suite à la fusion de Nachtigall am Hettberge avec une mine voisine nommée Eleonore. En 1832, cette nouvelle structure nommée zeche Eleonore & Nachtigall décide d'investir dans le creusement d'un premier puits vertical afin d'accéder aux gisements houillers profonds. Hélas, des infiltrations d'eaux incontrôlables mettent la société en grande difficulté et ce n'est qu'après l'installation de machines à vapeur que l'afflux fut être contrôlé. Les différents coûts liés à l'exhaure amènent cependant la société à s'allier avec d'autres mines et de fonder ainsi la Vertragsgemeinschaft Vereinigte Nachtigall, un groupe d'exploitations indépendantes composé comme suit :

- zeche Eleonore & Nachtigall,
- zeche Theresia,
- zeche Wiederlage,
- zeche Aufgottgewagt,
- zeche Nordflügel,
- zeche Braunschweig Nordflügel,
- zeche Turteltaube Nordflügel.

En 1835, le premier puits nommé Neptun entre en exploitation après la construction d'un petit siège fonctionnel. La mine prend rapidement de l'ampleur et, en quelques années, son siège s'agrandit et s'équipe d'une liaison ferroviaire, de nouvelles pompes ainsi que d'un petit triage. Cet essor pousse rapidement les investisseurs à s'intéresser à la société et, en 1851, la famille von Elverfeldt décide de vendre ses possessions minières à un groupe d'industriels néerlandais qui fusionne les différentes exploitations sous le nom de zeche Vereinigte Nachtigall Tiefbau. Environ 500 personnes travaillent pour cette dernière qui était alors l'une des plus grandes sociétés du bassin. Avec la reprise des chantiers de zeche Theresia, Nachtigall est désormais composée de trois puits d'extraction :

- schacht Neptun,
- schacht Catharina,
- schacht Hercules.

Toujours à la pointe du progrès, la société décida par la suite d'approfondir le puits Hercules qui passe de 290m à 450m. Elle s'équipa par la suite d'une chaufferie ainsi que d'une machine d'extraction de 500 chevaux, ce qui fait de celle-ci la machine la plus puissante de l'industrie minière de l'époque. En 1878, la production atteint son apogée avec plus de 100.000 tonnes de charbon extraites. Cependant, l'expansion des chantiers entraîne de nouvelles venues d'eaux qui mènent régulièrement à l'abandon de certaines sections. Les travaux d'assèchement deviennent rapidement un gouffre financier, ce qui oblige la société à licencier du personnel. La production s'effondre mais un espoir survient après la fusion de Nachtigall avec zeche Helene Tiefbau, une petite exploitation située sur l'autre rive de la Ruhr. Hélas, le manque de moyens financiers oblige la Gewerkschaft Helene-Nachtigall à stopper ses extractions dès 1887. En 1890, la Dortmunder Bergbaugesellschaft rachète la concession minière dans l'espoir d'exploiter les riches gisements encore présents dans les anciens chantiers de zeche Helene Tiefbau. Cette reprise exclut malheureusement Nachtigall qui sera définitivement abandonnée suite à son manque de rentabilité et à ses grands problèmes d'exhaure. En 192, l'entrepreneur Wilhelm Dünkelberg racheta le site avant d'y construire une grande briqueterie à vapeur dont la production commença en 1897. La salle des machines du puits Hercules ainsi que le bâtiments des ateliers furent heureusement conservés et c'est finalement en 1963 que le site fut définitivement mis à l'arrêt, après la fermeture de la briqueterie. En 1979, le site fut racheté par la Landschaftsverband Westfalen-Lippe qui décida de transformer l'ancien siège d'exploitation en musée de l'industrie. La machinerie ayant été revendue depuis longtemps, l'association mit la main sur la machine d'extraction du puits N°1 de Prosper, cette dernière étant encore visible de nos jours.

LWL Industry Museum Mine Nachtigall
Nachtigallstraße, 35
58452 Witten
https://zeche-nachtigall.lwl.org

      Reportage sur Zeche Nachtigall, une société pionnière du sud de la Ruhr reconvertie en briqueterie.

Copyright (c) / Photos by Nicolas Elias, Xavier Fer & Laura Dambremont