En 1850, la recherche du
prolongement ouest du bassin houiller du Nord-Pas-de-Calais amène les
industriels lillois Casteleyn, Tilloy et Scrive à réaliser une série de
sondages entre Annay et Lens. Ces recherches sont fructueuses mais par
manque de moyens financiers, ces derniers s'associent avec la Compagnie
des Mines de Vicoigne qui, moyennant une partie des actions de la
future société d'exploitation, avance 500.000 francs et leur prête son
matériel ainsi qu'une partie de son personnel afin de réaliser les
travaux préparatoires d'un premier puits. C'est finalement le 12
février 1852, après le remboursement de ses dettes, que sera créée la Société des Mines de Lens.
La première fosse, nommée Jules Casteleyn, entre en exploitation à la
fin de l'année 1853 et, malgré quelques soucis d'infiltration, permit
d'extraire près de 10.000 tonnes de charbon la première année, une
production qui ne cessera de monter dans les années suivantes pour
atteindre 75.000 tonnes en 1857. Ce succès motive rapidement la société
à entamer le fonçage de quatre nouveaux puits et, en 1872, la
production totale permit à Lens de devenir l'une des plus grandes
sociétés du bassin avec près de 180.000 tonnes de charbon extraites. En
1873, cette dernière continue son expansion en absorbant la concession
de Douvrin, cette nouvelle acquisition permettant ainsi à la zone
d'exploitation de Lens de passer de 6.239 hectares à près de 6.939
hectares.
Par la suite, le nombre de fosses se multiplie encore et à la veille de
la première guerre mondiale, Lens est constituée comme ceci :
- fosse 1 - Jules Casteleyn,
- fosse 2/2bis - Grand Condé,
- fosse 3/3bis - Amé Tilloy,
- fosse 4 - Louis Bigo,
- fosse 5/5bis - Antoine Scrive,
- fosse 6 - Alfred Descamps,
- fosse 7/7bis - Léonard Danel,
- fosse 8/8bis - Auguste Descamp,
- fosse 9/9bis - Théodore Barrois,
- fosse 10/10bis - Valentin Cazeneuve,
- fosse 11 - Pierre Destombes,
- fosse 11bis - Albert Crespel
- fosse 12 - Édouard Bollaert,
- fosse 12bis - Docteur Barrois,
- fosse 13 - Élie Reumaux,
- fosse 13bis - Félix Bollaert,
- fosse 14 - Émile Bigo,
- fosse 14bis - Ernest Cuvelette,
- fosse 15/15bis - Maurice Tilloy,
- fosse 16 - Albert Motte,
- fosse 16bis - Saint Alfred de Montigny.
En outre, la société possède aussi huit lavoirs à charbon ainsi que des
fours à coke, trois presses d'agglomérés, une usine à boulets, 7.474
maisons, 27 écoles et un port charbonnier. 16.319 ouvriers y
travaillent pour une production estimée à 3 867.000 de tonnes
de charbon, 661.200 tonnes de coke et 125.000 tonnes d'agglomérés.
Durant le conflit, la zone d'exploitation de Lens fut le théâtre d'une
des plus grandes batailles du nord de la France : la bataille de Loos.
Cette offensive menée par les Britanniques se déroula entre le 25 et le
28 décembre 1915 et se solda par la victoire des Allemands. Environ
75.000 soldats perdront la vie lors de ce combat qui entraînera
également la destruction de la quasi-totalité des possessions de la
Société des mines de Lens, notamment le siège 15/15bis, considérée
comme la fosse la plus moderne du bassin et dont les chevalements
monumentaux sont toujours aujourd'hui considérés comme l'un des plus
beaux exemples d'architecture industrielle de l'histoire du
Nord-Pas-de-Calais. Une fois la paix revenue, la direction organise
rapidement la reconstruction des différents sièges dont les chantiers
sont asséchés et modernisés. Après la seconde guerre mondiale, les
mines françaises sont nationalisées et le Groupe de Lens
est constitué grâce à la fusion de trois sociétés environnantes :
- la Société des mines de Lens,
- la Société anonyme des Mines de Meurchin,
- la Société d'Annœullin-Divion.
Après ce remaniement, Lens fusionnera avec la Société Houillère de
Liévin pour former le Groupe
de Lens-Liévin. La multiplication des puits pousse
rapidement la société à entamer la construction d'un 18ème siège
d'exploitation à Hulluch. Inauguré en 1954, ce dernier fut établi pour
concentrer les productions des fosses 3, 4, 7, 13 et 8 via son puits
d'extraction équipé d'un superbe chevalement de type portique. C'est
également en 1954 que débute le fonçage du puits 19 qui sera équipé
trois ans plus tard d'une tour en béton de 66 mètres de hauteur
possédant à son sommet deux machines d'extraction de 4.000 chevaux.
Cette dernière entre en fonction en 1960 et permet de concentrer
l'extraction des sièges 2, 3, 4, 7, 9 et 12. Ce siège possède alors un
rendement moyen de 8.000 tonnes de charbon par jour. Ces mesures de
rationalisations mènent cependant à la fermeture de plusieurs sièges
et, en 1980, seules trois fosses sont encore en fonction :
- fosse 4 - Louis Bigo,
- fosse 5/5bis - Antoine Scrive,
- fosse 11/19 - Pierre Destombes.
À partir de 1983, le programme de récession national fait drastiquement
chuter la production. Ces nouvelles mesures mettront finalement fin aux
sièges 5/5bis qui fermera ses portes au début de l'année 1986, bientôt
suivis par les sièges 4 et 11/19 qui furent finalement mis à l'arrêt le
31 décembre 1986. Par la suite, une grande partie des installations
furent démolies mais de nombreux vestiges sont encore visibles comme
les chevalements des puits 3 et 6 mais, le plus bel ensemble subsistant
est sans aucun doute le siège 11/19 qui possède encore son chevalement,
sa tour d'extraction, sa recette ainsi qu'une grande partie de ses
bâtiments annexes, le tout étant inscrit depuis le 30 juin 2012 sur la
liste du patrimoine mondial de l'Unesco.
Reportage sur le siège N°3 des Mines de Lens.
Reportage sur le siège N°6 des Mines de Lens.
Reportage sur la Fosse 13 Bis.
Reportage sur le siège 11-19 de la Compagnie des Mines
de Lens, un siège comprenant une splendide tour d'extraction.
Reportage sur le bornes de puits du Groupe de Lens.
Copyright (c) / Photos by Nicolas
Elias, Xavier Fer & Laura Dambremont