En
1841, Henriette De Clercq, née Henriette Crombez réalise un forage dans
son parc à Oignies afin de trouver une source d'eau pour alimenter
celui-ci. Ces travaux débouchent par hasard sur une veine de houille à
170 mètres de profondeur, ce qui entraîna la réalisation d'un forage
plus profond qui permit enfin de prouver l'existence du prolongement du
bassin houiller au-delà de Douai. Aidée par l'entrepreneur
Louis-Georges Mulot, Mme Crombez poursuit ses recherches à
Évin-Malmaison, à Dourges ainsi qu'à Hénin-Liétard avant d'obtenir la
concession Dourges en 1852.
La Compagnie des
Mines de Dourges est créée trois ans plus tard, ces 1.800
actions étant réparties comme ceci :
- 600 actions à Mme Crombez et Louis-Georges Mulot,
- 600 actions à La Compagnie des Mines d'Anzin,
- 600 actions à la Compagnie des Mines de Vicoigne.
Cette
dernière société se retire cependant de la Compagnie des Mines de
Dourges après quelques mois, les actions étant réparties entre les
derniers protagonistes. Le fonçage du premier puits débute en 1852 sous
la direction de Louis-Georges Mulot mais suite à un effondrement,
celui-ci sera abandonné deux ans plus tard. La compagnie réalise dès
lors un second fonçage qui mènera à la création du puits 1bis. Ce
dernier entre en exploitation en 1856 et produit dès sa première année
environ 16.000 tonnes de houilles. Les veines qui se trouvent à cet
endroit sont malheureusement irrégulières et, après avoir extrait plus
de 40.000 tonnes en 1857, la production ne cessera de diminuer dans les
années suivantes. Entre 1857 et 1877, Dourges entreprend la
construction des fosses 2, 3 et 4 mais les difficultés liées à la
revente de sa production entraînent un ralentissement de son expansion.
C'est à cette époque que la dénomination des puits change, les puits
1bis, 2, 3 et 4 devenant les puits 2, 3, 4 et 5, ce dernier étant
définitivement abandonné en 1878 sans jamais avoir produit de charbon.
Durant les dernières années du 19ème siècle, la compagnie s'équipe d'un
sixième siège ainsi que d'un lavoir, de 60 fours à coke et d'un quai
d'embarquement situé sur le canal Dunkerque-Escaut. Cet incroyable
essor permet à Dourges de produire 1.442.710 tonnes de charbon dès 1913
pour un effectif composé de 3.229 ouvriers. Durant la guerre, la grande
majorité des installations de surface et de fond sont détruites ou
noyées. La production, qui n'était plus que de 32.000 tonnes en 1917,
est totalement mise à l'arrêt en 1918. Une fois la paix revenue, les
différentes fosses sont progressivement asséchées et reconstruites
grâce notamment à l'engagement d'un grand nombre de nouveaux ouvriers.
En 1919 débutent les travaux de fonçage du siège 8 / 8bis. Après sa
mise en exploitation, au début de l'année 1924, Dourges possède douze
puits fonctionnels dont voici la liste :
- fosse 2 / 2bis - Sainte Henriette,
- fosse 3 / 3bis - Louis-Georges Mulot,
- fosse 4 / 4bis - Paul-Frédéric Hély d'Oissel,
- fosse 6 - Tonkin,
- fosse 6bis - Darcy,
- fosse 7 / 7bis - Boisgelin,
- fosse 8 / 8bis - Émile Cornuault.
En
1930, Dourges investit dans la création d'un neuvième siège composé de
deux puits nommé De Clerq-Crombez. Il entrera en exploitation peu avant
la seconde guerre mondiale et participe à faire grimper le taux de
production à près de 1.746.000 tonnes de charbon en 1938. La société
est alors composée d'un triage sur chaque siège, de deux lavoirs
centraux, de trois batteries de 130 fours à coke, d'une usine de
retraitement des sous-produits ainsi que d'une usine à boulets. Après
la guerre, les mines françaises sont nationalisées et la Compagnie est
répartie dans deux groupes.
Groupe
d'Hénin-Liétard :
- fosse 2 / 2bis,
- fosse 3 / 3bis,
- fosse 4 / 4bis,
- fosse 6 / 6bis,
- fosse 7 / 7bis,
- la Compagnie des Mines de Courrières,
- la Compagnie des Mines de Drocourt.
Groupe d'Oignies
:
- fosse 8 / 8bis,
- fosse 9 / 9bis,
- la Compagnie des Mines de Carvin,
- la Compagnie des Mines d'Ostricourt.
Il
s'agit de la seule compagnie du bassin à avoir été séparée de la sorte.
En 1956, le Groupe d'Oignies entreprend la création d'un dixième siège
sur la concession de Dourges. Surmonté d'une tour en béton équipée de
deux machines d'extraction à poulie Koepe, ce puits fut fonçé dans le
but de concentrer la production des fosses 8 et 9 de Dourges avec
l'aide du siège N°2 des mines d'Ostricourt, qui concentre quant à lui
les extractions des puits 1, 3, 5 et 6 des mines d'Ostricrourt.
La
majorité des fosses liées à Dourges du Groupe d'Hénin-Liétard ferment
dans les années 50 et 60, la dernière à fermer étant la fosse 6bis qui
servit pour l'aérage jusqu'en 1977. Les sièges d'Ostricourt ferment à
la même époque à l'exception des fosses 2 et 4 qui sont désormais
concentrées sur la fosse 10 de Dourges. Près de 10.000 tonnes de
charbon sont remontées quotidiennement via ce siège qui devient, après
la fermeture du siège N°9 de l'Escarpelle, la dernière mine en
exploitation du bassin. Hélas, les trois dernières fosses de la société
sont finalement mises à l'arrêt le 21 décembre 1990, mettant ainsi
définitivement fin à l'exploitation houillère du Nord-Pas-de-Calais. La
dernière berline sera remontée au jour via le siège 9 / 9bis lors d'une
cérémonie symbolique qui rendit hommage aux 270ans d'exploitation du
bassin minier. La fosse 10 sera intégralement détruite en avril 1992
bientôt suivie par la majorité des installations de la société. Le
chevalement du puits N°8 fut heureusement préservé ainsi qu'une grande
partie du siège 9 / 9bis qui est aujourd'hui inscrit sur la liste du
patrimoine mondial de l'Unesco et qui constitue l'un des vestiges
miniers les plus emblématiques du nord de la France.