Motivé par le succès des mines
d'Anzin, un groupe de négociants Lillois se réunit au sein de la Compagnie Dumas
et lance une vague de recherche dans la région de Lourches. En mai
1829, les différents sondages portent leurs fruits et c'est en février
1832 que la Compagnie obtient la concession de Douchy, passant sous le
nez de la Compagnie des Mines d'Anzin, qui cherchait également à
obtenir les zones d'exploitation situées au sud de Denain. En décembre
de la même année, la Compagnie Dumas se constitue en société
d'exploitation sous le nom de Compagnie
des Mines de Douchy.
Cette
dernière recrute ensuite Charles Mathieu, descendant du premier
directeur des mines d'Anzin, ainsi que quelques ouvriers et entreprend
le
fonçage des premiers puits dont voici une liste :
- la fosse St Mathieu,
- la fosse Gantois,
- la fosse Beauvois,
- la fosse l'Éclaireur,
- la fosse Ste Barbe,
- la fosse Désirée.
Dans
les années 1840, la compagnie se lance dans la construction d'une ligne
de chemin de fer et la raccorde au réseau national à Escaudain avant de
conclure un marché avec Anzin concernant la livraison d'importantes
quantités de charbon gras destinées à la fabrication de coke dans les
usines de la société Dehaynin à Denain. À la fin de ce contrat de dix
ans, Douchy se lance dans la fabrication d'une petite batterie de fours
à coke, modeste mais performante. Le 24 juillet 1894, les actionnaires
de la compagnie votent à l'unanimité pour la transformation du statut
de la société en société anonyme. Dirigée par le président de la
société, Mr Paul Schneider, l'Opération permet de diversifier
l'actionnariat dont prendra part de manière de plus en plus importante
la puissante famille de Wendel, principalement active dans les
houillères et la sidérurgie Lorraine.
Au début du 20ème siècle,
l'extraction intensive de la houille à Douchy mène à l'épuisement de la
plupart des fosses de la société qui décide de reconvertir une partie
de ses installations en vue de valoriser le gaz de houille qui, combiné
avec le gaz provenant de la distillation du coke, permet de produire du
gaz d'éclairage ou peut être revendu dans les centrales électriques.
Cette modernisation permet à Douchy de devenir la deuxième société
minière de la région, après Anzin. En 1907, la fosse St Roch,
abandonnée depuis 1886, est approfondie jusqu'à 840 mètres avant de
reprendre du service sous le nom de fosse Schneider. La même année, la
société décide d'investir dans une usine de distillation du goudron et
dans une centrale électrique utilisant des moteurs à gaz issu des
différents captages ainsi que ses gaz de cokerie. La valorisation de ce
gaz permettra également la production d'ammoniaque synthétique, obtenu
par catalyse d'un mélange à base d'hydrogène et d'azote.
En
1914 débutent le fonçage de la fosse Boca mais l'entrée en guerre de la
France interrompt les travaux. À l'arrivée des Allemands, une grande
partie du matériel est démonté et envoyé dans une usine d'Hirson, dans
l'Aisne. À la libération, une grande partie de la société est dévastée
mais en 1920, après la remise en service des différentes installations,
les travaux de fonçage de la fosse Boca reprennent. Cette fosse n'entre
cependant en production qu'en 1932 et fut l'une des dernières mines du
nord à être mise en service avant la nationalisation.
En 1936, huit fosses sont en fonction :
Extraction
- fosse Schneider,
- fosse Boca,
- fosse de la Naville.
Aérage
- fosse Douchy,
- fosse St Mathieu,
- fosse l'Éclaireur,
- fosse Gantois.
Exhaure
- fosse Désirée.
En
1922, le rachat des Mines de Douchy par la Société Métallurgique de
Senelle-Maubeuge permet à la famille de Wendel de devenir l'actionnaire
majoritaire de la société. Par la suite, cette dernière éliminera un à
un les autres intervenants des mines de Douchy et en l'espace de
quelques mois, seuls les de Wendel sont encore aux commandes.
Ces
derniers estiment rapidement que la production d'électricité n'est pas
de leur ressort et, en juillet 1923, la Société Métallurgique de
Senelle-Maubeuge décide de céder la centrale électrique à moteurs à gaz
de Douchy à la Société d'électricité de la région de
Valenciennes-Anzin. Lors de la seconde guerre mondiale, la région
connaît une forte occupation militaire et une grande partie du
personnel est envoyé au front. La région sera libérée en septembre 1944
et les installations minières seront remises en fonction de manière
optimale. En 1946, les mines françaises sont nationalisées et le Groupe de Valenciennes
est créé grâce à la fusion de six sociétés :
- la Compagnie des mines d'Anzin,
- la Compagnie des mines de Douchy,
- la Compagnie des mines de Marly,
- la Compagnie des mines de Vicoigne,
- la Compagnie des mines de Thivencelle,
- la Compagnie des mines de Crespin.
Suite
à ce remaniement, les fosses St Mathieu, l'Éclaireur, Boca, la Naville
et Douchy deviennent des puits d'aérage pour la fosse Schneider qui
devient dès lors un siège de concentration. Le 12 août 1952, un
terrible coup de grisou survient à 840 mètres de profondeur, causant la
mort de neuf mineurs. Cet incident sera suivi trois ans plus tard par
un terrible coup d'eau qui inonde une grande partie des chantiers et
provoque la fermeture définitive de la fosse. En 1956, une tentative de
récupération du matériel est tentée par les chantiers de la fosse de la
Naville mais le débit d'eau est tellement important que l'ensemble de
l'équipement resta au fond. En 1992, la société Gazonor recommence à
exploiter le gaz de houille via les anciens puits de la Naville et
Désirée mais, bien que le puits Désirée continue à produire du gaz de
nos jours, le captage de la Naville fut abandonné au début des années
2000.