L'exploitation
du charbon dans la région de Luisenthal remonte au début du 18ème
siècle. Deux fosses principales existaient alors dans la zone mais en
1820, la Preußische Bergfiskus décide d'associer ces mines sous le nom
de Grube
Bauernwald-Großwald,
société renommée Grube Gerhard l'année suivante en hommage au
responsable des mines de Prusse Johann Carl Ludewig Gerhard.
L'entreprise est un succès et dans le but d'acheminer le charbon vers
l'intérieur du land, cette dernière fait creuser un tunnel de 3.705
mètres en direction de Püttlingen : le tunnel de Veltheim. En 1865, la
société décide de fonder un nouveau siège à la sortie de ce tunnel et,
dès l'année suivante, le premier puits circulaire de la Sarre est mis
en chantier. Ce nouveau siège prend le nom de grube Viktoria,
en hommage à la princesse héritière Victoria Adélaïde Marie Louise de
Saxe-Cobourg et Gotha. En 1872, la mine fut reliée au réseau
ferroviaire Sarrebruck-Trèves permettant à la mine de considérablement
se développer et de débuter le fonçage d'un second puits, dès 1881,
puis d'un second siège à Engelfangen au début du 20ème siècle. C'est à
partir de ce nouveau siège que fut creusé un tunnel de jonction entre
les deux sites, le Viktoriastollen, pour faciliter le transport du
charbon. Après le premier conflit mondial, le traité de Versailles
transfère le contrôle de la Sarre et de son industrie à la Société des
Nations afin de rembourser les dommages de guerre perpétrés sur le
territoire français. C'est sous régime français, en 1920, que grube
Viktoria devient une mine indépendante. En 1935, un vaste référendum
permet à la Sarre de revenir en territoire allemand et, à la veille de
la seconde guerre mondiale, 1.300 mineurs y travaillent pour une
production journalière de 2.100 tonnes.
Grube Viktoria possède 4 puits en fonction :
- schacht Viktoria I,
- schacht Viktoria II,
- schacht Viktoria III,
- schacht Aspen.
Durant
la guerre, le tunnel de Veltheim fut utilisé comme abri anti-aérien.
Hélas, un clarificateur d'eau situé au dessus de ce dernier ne résista
pas à l'artillerie lourde américaine et il se déversa dans le tunnel,
faisant 19 morts. La paix revenue, la société remet ses installations à
neuf tout en les modernisant. La société est cependant sur le déclin et
l'arrivée sur le marché du gaz et du pétrole ont raison de cette
dernière qui ferme définitivement ses portes en 1972. La mine est par
la suite reconvertie pour l'exhaure du bassin minier et les anciens
chantiers sont aménagés et de puissantes pompes y sont installées.
Alors que la majorité des installations de la société furent détruites
durant les années suivantes, l'exhaure se poursuit encore de nos jours
et le chevalement du puits N°2 trône toujours à son emplacement
d'origine, faisant de lui le vestige industriel le plus représentatif
de la ville de Püttlingen.
Je remercie Xavier pour
ses photos.