banner
Espagne - Province de Huelva

Pyrite

Rio Tinto Peña del Hierro San Telmo
Tharsis / la Zarza Sotiel Las Herrerias


La Compañía Española de Minas de Tharsis



Il existe de nombreuses preuves archéologiques attestant que la zone minière de Tharsis était déjà exploitée par l'homme à l'âge du cuivre. Cette ancienne production sidérurgique atteint son apogée au cours d'une période allant du 6ème au 5ème siècle avant Jésus-Christ sous l'influence des échanges commerciaux entre la péninsule ibérique et les territoires de la Méditerranée orientale. Cette proto-industrialisation était dirigée par les Tartessiens dont la culture prédominait dans la partie sud-ouest de la péninsule ibérique. La désignation "Tharsis" provient de "Tartessos" qui est le nom de leur civilisation. Ce site est actuellement considéré comme l'un des plus anciens centres extractif du monde. Durant l'époque romaine, les travaux miniers furent réalisés via des galeries souterraines grâce à un système complexe de roues hydrauliques qui permettait de déplacer l'eau dans les chantiers. Des études récentes indiquent que c'était alors principalement le cuivre et l'argent qui étaient extraits à cette époque. Les gisements furent exploités jusqu'à la crise générale du Bas Empire (entre le 3ème et le 4ème siècle après Jésus-Christ) avant d'être abandonnés au début de la période wisigothique. On estime aujourd'hui que 20 millions de tonnes de scories auraient été générées dans la ceinture de pyrite ibérique au cours de l'Antiquité dont 20% rien que dans la zone de Tharsis.
Au cours du 19ème siècle, de nombreux ingénieurs et géologues visitèrent les anciens sites d'extraction de la région. On retrouve parmi ceux-ci Fausto Elhuyar , Joaquín Ezquerra , Agustín Martínez Alcíbar ainsi que Luciano Escobar qui présenta un projet d'exploitation à plusieurs hommes d'affaires de Cadix, Séville et Huelva, hélas sans succès. Dans le même temps, l'ingénieur français Ernest Deligny arrive sur place et réactive le bassin minier en février 1853 grâce notamment aux capitaux français. Il désigna la zone comme étant "les mines de Tharsis" car il estimait que celles-ci devaient retrouver le nom qu'elles portaient durant l'Antiquité. Divers travaux de réhabilitation et de recherche furent entrepris par la nouvelle société Tharsis Research Company à laquelle succéda en 1855 la Compagnie des Mines de Cuivre de Huelva, une société française ayant pour principal client des industriels britanniques. En 1858, près de 2.500 ouvriers travaillent dans la zone minière de Tharsis pour une production mensuelle de 9.000 tonnes de pyrite brute mais aussi de cuivre, d'or et d'argent .

Cependant, d'importants problèmes économiques mettent fin aux activités de la société qui fut déclarée en faillite au début des années 1860. Les français conservent malgré tout les droits d'exploitation et c'est en 1866 que l'exploitation continue via un contrat de location à la Tharsis Sulphur and Copper Company Limited. C'est sous cette direction que se développa considérablement la mine, en particulier grâce au réseau ferroviaire mis en place ainsi qu'au quai de chargement construit sur la rivière Odiel qui permet au minerai d'être exporté par voie maritime. D'autres installations furent également construites parmi lesquelles des ateliers, des silos à minéraux, une centrale électrique, des entrepôts ainsi qu'une importante cité minière nommée également Tharsis. Au sein du bassin, d'autres exploitations détenues également par la société se démarquent comme la mina del Perrunal ou encore la mina de la Zarza qui possède alors quatre puits d'exploitation. Sur les seize couches exploitées, plusieurs se distinguent alors :

Pour Tharsis :

    - Filón Sur,
    - Filón Norte,
    - Filón Centro,
    - Esperanza,
    - Sierra Bullones,
    - Lagunazo.

Pour Perrunal :

    - Filón Perrunal.

Pour la Zarza :

    - Filón la Zarza.


Bien que les exploitations souterraines furent maintenues, on voit apparaître dès le début du 20ème siècle plusieurs mines à ciel ouvert dont voici les plus actives :

- Corta Sierra Bullones,
- Corta Esperanza,
- Corta de los Silos,
- Corta El Lagunazo,
- Corta del Filón Centro,
- Corta del Filón Norte,
- Corta del Filón Sur.

Dans les années 1920, la Tharsis Sulphur and Copper Company Limited entreprend le fonçage du puits N°5 "Algaida" de la Zarza. Équipé d'un double chevalement à skip ainsi que de culbuteurs et de trémies, ce nouveau siège est destiné à centraliser toute la production souterraine de la Zarza.
Malheureusement, avec le temps, certaines partie du bassin s'épuisent et c'est en 1969 que s'amorce la fin de l'exploitation avec l'arrêt de la mina del Perrunal. Dans les années 1970, le bassin miner Tharsis-la Zarza passe entre les mains de la Compañía Española de Minas de Tharsis, une société espagnole qui concentra son activité sur le complexe de la Zarza ainsi que sur la Corta del Filón Norte à Tharsis dont la production annuelle dépasse rapidement le million de tonnes de minerai. Cependant, la crise que traverse le secteur met à mal l'entreprise qui décide d'abandonner le complexe de la Zarza dont le puits N°5 sera définitivement mis à l'arrêt en 1991. Un an plus tard, après la fermeture de la Corta Atalaya, une immense mine à ciel ouvert appartenant au groupe Rio Tinto, Tharsis devient la dernière mine à ciel ouvert de la province de Huelva à produire de la pyrite brute. La fermeture du quai sur l'Odiel en 1993 met un terme à l'exportation maritime et destine désormais le minerai à être exclusivement acheminé vers le nouveau pôle chimique de Huelva qui devient le dernier client de la société, la totalité des extractions étant dorénavant consacrée à la production d'acide sulfurique.

La société espagnole cesse ses activités en 1995 en raison de mauvais résultats économiques, la mine étant reprise par une corporation syndicale du nom de "Nueva Tharsis". Gérée par des ouvriers, l'exploitation se poursuivit de manière sporadique jusqu'en 2001 avant d'être totalement abandonnée. La même année, une tentative d'exploitation fut entreprise dans la Corta Filón Sur par la société Caledonia Mining Corporation mais ce fut un échec et les installations furent démantelées dès 2002. Depuis la fin des activités minières, le patrimoine industriel de la zone est à l'état d'abandon. Cependant, en juin 2014, l'administration régionale a inscrit le bassin minier de Tharsis-la Zarza au catalogue général du patrimoine historique andalou dans la catégorie de "Bien d'intérêt culturel". Les projets de réhabilitation ne manquent pas et il est fort probable que certaines structures comme le splendide chevalement d'Algaida finiront par être rénovées à l'avenir. Il est également à noter qu'une réactivation du bassin reste possible via la
Tharsis Mining & Metallurgy, qui a également récupéré les droits d'une possible exploitation de l'ancienne mine San Telmo.

      Reportage sur les vestiges des mines de la Zarza ainsi que sur la superbe machinerie du puits Algaida.

Copyright (c) / Photos by Nicolas Elias, Xavier Fer & Laura Dambremont