À la fin du 18ème siècle,
l'extraction du charbon dans le borinage est en plein essor bien que
certaines zones restent jusqu'alors inexploitées. Au fil des ans,
plusieurs sondages effectués au nord du bassin apportent la
confirmation que des veines exploitables se prolongent dans la région
d'Hautrage et, c'est en 1785, que la première demande d'exploitation
est introduite par Guillaume Castiau, futur directeur des mines d'Anzin
et propriétaire de l'immense concession de Belle-Vue.
Accordée à Castiau la même année, cette zone d'exploitation sera
cependant saisie neuf ans plus tard par Philibert-Amé Simon qui la
sépare en deux parties distinctes, séparées par la route de Mons :
- La concession d'Hautrage,
- La concession de l'Espérance.
Hautrage passe par la suite entre plusieurs mains sans jamais être
exploitée jusqu'à son absorption par la Société Anonyme du Nord de
Flénu, en avril 1873. Un nouveau sondage est réalisé à Baudour mais
sans résultat significatif et c'est en 1900 que le Nord de Flénu cède
la concession à la Société
de la Concession Houillère d'Hautrage, constituée la même
année. Les travaux préparatoires sont lancés et en 1907, la société
change de dénomination pour devenir la Société Anonyme des
Charbonnages du Hainaut. Entre 1907 et 1910, deux puits
seront foncés et un siège moderne sera mis en chantier, occupant alors
51 ouvriers. La concession de l'Espérance passe quant à elle entre les
mains d'Emmanuel Ernest Corbisier et de Philippe-François Cattier en
vue d'exploiter les veines de Charbon sous les villages de Sirault,
Villerot, Baudour, Saint Ghislain ainsi qu'à Ville-Pommerœul et, malgré
quelques contestations de la part des directeurs des concessions
limitrophes, c'est en septembre 1806 que les deux hommes donneront
naissance à la Société
Civile de l'Espérance. Un puits est rapidement foncé mais
il sera abandonné dès 1809 suite à une grande venue d'eau, ce qui
entraîna l'abandon de la concession. Après une bataille juridique entre
la veuve d'Henry de Gorge et plusieurs habitants de Baudour, la société
est finalement acquise, en 1838, par Dame Delman, veuve Cordier de
Roucourt et consorts. Le 30 Juin 1896, la société change de
dénomination et devient la Société
Anonyme des Charbonnages de l'Espérance. Toujours
inexploitée, la concession sera cédée en 1898 à la Société Anonyme
Minière et Charbonnière Belge qui la céda à son tour à la Société
Anonyme du Charbonnage de Baudour, le 8 avril 1899. En 1901, cette
dernière commença le creusement de deux tunnels inclinés à 20° en plein
bois de Baudour. Ces galeries destinées à l'extraction était en outre
équipées d'un monorail mais, le 1er novembre 1905, les mineurs
travaillant dans la galerie N°2 percent accidentellement une poche
d'eau à 51 degrés. Les travaux sont stoppés net et trois ans plus tard,
malgré la mise en place de puissantes pompes, les galeries sont
définitivement abandonnées. Cette source géothermale alimente
aujourd'hui l'hôpital de Baudour.
Au bord de la faillite, Baudour cède sa concession à la Société Anonyme
des Charbonnages du Hainaut et, entre 1912 et 1915, deux nouveaux puits
sont foncés grâce à la technique de congélation des sols. Dotée d'une
concession de 4.960 hectares, la société possède à présent deux sièges
d'extraction mais les résultats favorables pousseront cette dernière à
établir un nouveau siège en 1927 : le siège de Tertre. Ce dernier entre
en production dix ans plus tard et devient rapidement
l'un des sièges les plus productif du bassin.
En 1928, la société fait construite avec plusieurs associés une grande
cokerie divisée en cinq parties distinctes :
- les silos à charbon,
- les fours à coke,
- les installations de dégazage,
- les sous produits,
- le retraitement du goudron.
Après la guerre, le
bassin fait face à de lourdes mesures de rationalisations et de fusion.
C'est ainsi qu'en 1950, les Charbonnages du Hainaut fusionneront avec
la Société Civile des Usines et Mines de houille du Grand Hornu, cette
dernière faisant apport de son matériel et de ses installations.
Vétustes, celles-ci ne seront cependant plus utilisées et
l'exploitation des réserves de la concession du Grand-Hornu sera dès
lors réalisée depuis les chantiers du siège de Tertre qui sera équipé,
en 1953, d'un système d'extraction automatisé par skips ainsi que d'un
nouveau chevalement métallique de type Vierendeel. Ces skips sont
composés d'une cuve de 8.200 litres surmontée d'une cage pouvant
accueillir 20 mineurs. En outre, la société équipe également ses
chantiers de soutènements marchants, ce qui augmente considérablement
la vitesse d'abattage et les chiffres de production. La société se
sépare en 1959 de son siège d'Hautrage et en 1966 de son siège de
l'Espérance. La production de toute la concession est désormais
centralisée au siège de Tertre qui devient, en 1968, l'un des deux
derniers charbonnages actifs du bassin borain, le deuxième étant le
siège du Sartis des Charbonnages d'Hensies-Pommerœul. Malheureusement,
malgré des installations à la pointe du progrès et un gisement encore
extrêmement riche, le dernier siège des Charbonnages du Hainaut fermera
ses portes le 30 avril 1971.
Après
avoir été rachetée par la société Hainaut-Sambre, la cokerie fut
modernisée et exploitée par la filiale Carcoke. Dotée désormais de cinq
batteries de fours pour 350 ouvriers, cette installation est à cette
époque considérée comme la plus performante de ce type en Belgique.
Elle fermera ses portes le 30 juin 1997.