Les
premières recherches de charbon dans la région de Bernissart furent
effectuées par la famille de la Catoire, seigneurs de Blaton et
s'étalent vraisemblablement sur la première moitié du 18ème siècle. Les
prospections réalisées par le baron Jean-François Joseph de la Catoire
débouchent sur la découverte de trois veines d'importance nommées :
- Veine de Blaton,
- Veine des Six Paumes,
- Veine de l'Houmeau.
Cette
dernière, située dans la partie nord-ouest de la forêt de Bonsecours
fut par la suite exploitée grâce à de petites installations constituées
de Baritels et de bourriquets avant d'être reprise par la Compagnie des
Mines de Vieux-Condé, située de l'autre côté de la frontière. Côté
belge, les archives mentionnent trois fosses principales dont la
première était située en plein coeur du village de Blaton :
- La fosse Haizette,
- La fosse de la Sartaille,
- La fosse de l'Abaussart.
Après
la vente de la seigneurie de Blaton, en 1753, le duc de Croÿ autorise
l'exploitation du charbon dans la partie ouest de la forêt de
Bonsecours avant d'y faire construire une machine à feu en 1765. Quatre
exploitations par baritel se démarquent alors mais la faible profondeur
de ces puits entraîne rapidement leur épuisement et dès 1780, ces
fosses sont abandonnées. De nouveaux sondages sont alors envisagés mais
un procès-verbal provenant des mines d'Anzin stipule que si ces
dernières recherches ne mènent pas à la découverte d'une exploitation
satisfaisante, la concession ne sera plus exploitée. Cette manoeuvre,
réalisée dans le but d'écarter les concurrents potentiels eut l'effet
escompté et, malgré des recherches prometteuses, la concession des
veines de Blaton est révoquée en 1827. Quant à la machine à feu, elle
fut démontée avant d'être revendue à la France. Cependant, un sondage
réalisé peu de temps avant l'arrêt des travaux permet d'atteindre, à 42
mètres de profondeur, le gisement houiller exploité tant au Borinage
que dans le nord de la France. Malheureusement, cette découverte
importante fut déclarée sans suite. Durant les années suivantes, Henri
De Gorge, propriétaire des charbonnages du Grand-Hornu, multiplie les
démarches afin d'obtenir la concession de Blaton, concession située au
sud de l'ancienne concession des Veines de Blaton. Bien que la
concession soit libre et disponible, ses demandes sont toutes refusées
et ce n'est que le 16 juin 1830 que la zone d'exploitation est
attribuée par Guillaume 1er, roi des Pays-Bas, à plusieurs industriels
et aristocrates locaux dont le comte du Chastel à Hollain, propriétaire
des fours à chaux de Hollain. D'une étendue de 2.933 hectares, la
concession de Blaton couvre les anciennes communes de Blaton,
Bernissart, Harchies, Ville-Pommerœul, Grandglise, Stambruges et
Péruwelz. Les travaux de recherches, effectués par la Compagnie Charbonnière de
Pomerœil,
débutent dès l'octroi de la concession et, après une courte période en
tant que société civile, c'est le 1er février 1890 que fut créée la Société Anonyme des
Charbonnages de Bernissart.
En 1839, après de nombreux sondages, les travaux de fonçage du puits
N°1 Négresse débutent à 600mètres à peine de la frontière française et,
après avoir recoupé plusieurs veines exploitables, la société met en
chantier l'intégralité de ses autres sièges, tous situés en une ligne
droite qui traverse le village sur un peu plus d'un kilomètre.
En 1850, quatre puits sont exploités :
- Le puits N°1 Négresse,
- Le puits N°2 Moulin,
- Le puits N°3 Ste Barbe,
- Le puits N°4 Ste Catherine.
Durant
les années qui suivirent, la société fit construire une fabrique
d'agglomérés ainsi que des fours à coke dont la situation, sur les
rives du canal Pommerœul-Antoing, permet l'exportation rapide des
produits. Ces fours, de type Coppée sont alors au nombre de 24 mais ils
seront portés à 76 avant leur arrêt, en 1905. En 1858, le puits
Négresse est reconverti en puits d'aérage et de secours tandis que
l'extraction est centralisée au puits Ste Barbe dont l'emplacement, au
cœur de la concession, est idéal.
C'est dans les chantiers du Ste
Barbe qu'est découvert, en 1878, un incroyable gisement fossilifère
d'une richesse inégalée en Belgique. Outre des fossiles de végétaux,
les mineurs remontèrent à la surface près de 3.000 poissons ainsi que
de petits vertébrés mais la découverte la plus fascinante est celle que
fit Jules Créteur à 322 mètres de profondeur : les squelettes complets
de 29 iguanodons, piégés au milieu d'une poche d'argile et dont les os
sont incrustés de pyrite. Véritable trésor national, vingt-huit de ces
squelettes sont aujourd'hui entreposés au musée des sciences naturelles
de Bruxelles dont neuf d'entre eux sont exposés pour les visiteurs. Le
dernier animal est quant à lui visible au musée de l'iguanodon de
Bernissart. De nouvelles recherches sont entreprises dans une extension
non exploitée datant de 1897 et c'est ainsi que cinq nouvelles veines
de charbon demi-gras sont découvertes sous le village d'Harchies. Un
nouveau siège y est établi mais le sol marécageux de la zone complique
les travaux préparatoires des puits qui seront finalement foncés grâce
à la technique de congélation des sols. Ce n'est qu'en 1904 que la
première berline remonte à la surface à Harchies. À l'époque, 1.500
ouvriers travaillent pour la société dont 1.200 exclusivement pour le
fond.
Le gisement houiller sous Bernissart s'épuise
malheureusement assez vite et c'est peu avant la première guerre
mondiale que le puits Ste Catherine ferme ses portes bientôt suivi par
le siège Ste Barbe, dont l'exploitation s'interrompt en 1921. Seuls les
chantiers du puits N°2 continuent de fonctionner mais une soudaine
venue d'eau met définitivement fin aux exploitations de Bernissart qui
furent démolies dans les années suivantes. Après cette vague de
fermeture, seul Harchies est encore exploité grâce à 950 mineurs et
près de quatre-vingts chevaux qui seront progressivement remplacés par
des locomotives Diesel, après la seconde guerre mondiale. C'est durant
cette période que la société fait construire une installation de lavage
à liqueur dense ainsi qu'une fabrique de boulet. Hélas, l'arrivée sur
le marché du gaz et du pétrole met à mal le dernier siège de Bernissart
qui finit par fermer ses portes en 1964. Quant à la concession de
Blaton, elle subsista encore quelques années avant d'être
définitivement révoquée en 1981.