Dans
le but de découvrir une nouvelle zone salifère exploitable dans le dôme
de Gorleben, plusieurs forages sont réalisés au nord du Harz, près du
bourg de Wittmar. En 1895, un gisement de potasse est atteint à une
profondeur de 296 mètres et quatre ans plus tard, le puits Asse I
commence à produire. Cependant, une importante venue d'eau salée
dévaste les chantiers en 1905 et, malgré les efforts de pompage, le
puits doit être abandonné en 1906.
Pour poursuivre malgré tout la
production, le puits Asse II est foncé entre 1906 et 1908 à 1.4km de
là. Profonde de 765 mètres, la mine est divisée en trois exploitations :
- L'extraction de la carnallite, au nord,
- L'extraction du sel gemme récent, au sud,
- L'extraction du sel gemme ancien, au centre.
En
1911, le puits Asse III est foncé près du village de Klein Vahlberg
mais il ne fut jamais mis en service suite à d'importantes venues de
saumure dans le puits. Après trois essais d'asséchage infructueux, le
puits est abandonné jusqu'en 1923 où sa profondeur est poussée jusqu'à
-728 mètres. Toutefois, la chute de la demande de potasse sur le marché
entraine la fermeture définitive du puits en 1924.
Cependant, les
autorités veulent absolument un deuxième puits en service et c'est
ainsi qu'Asse IV est foncé quelques années plus tard, à proximité
immédiate du puits 2.
En 1929, la mine
d'Asse est reprise par la
Burbach Kaliwerke AG,
une société fondée en 1905 qui possède alors 28
mines de sel et potasse dans le Niedersachsen et dans le
Sachsen-Anhalt.
Détenue à 45% par Wintershall, la Burbach Kaliwerke AG s'est également
distinguée dans l'exploitation pétrolière et la recherche. Elle cessa
cependant ce type d'exploitation après l'assèchement du gisement de
Volkenroda.
Après la seconde guerre mondiale, le gisement de Asse
commence à s'épuiser rapidement et dès 1964, l'exploitation est
définitivement arrêtée. La mine a extrait 1 million de m³ de
Carnallite, 3.4 millions de m³ de sel gemme récent et 0.5 million de
sel gemme ancien entre 1909 et 1964. Dans
les années soixante, alors que les premières centrales nucléaires
allemandes sont planifiées, il devient vite urgent de trouver un lieu
de stockage définitif pour les déchets de haute radioactivité. En
raison des conditions géologiques d'Allemagne, il semble que le
stockage en dôme de sel soit la meilleure option.
Après quelques
années de recherches, le dôme de Gorleben semble être le lieu le plus
approprié. La Society
for Radiation Research fait alors l'acquisition,
en 1965, de la mine de Asse afin de construire un lieu de stockage
pilote. Wintershall réalisant au passage une très bonne affaire en la
vendant pour 700.000 Deutsche Mark et ce, sans mise en concurrence. Le
problème des entrées d'eau était alors bien connu des autorités mais la
mine fut cependant déclarée sèche et appropriée pour le stockage de
déchets radioactifs par Klaus von Dohnanyi, le Secrétaire d'État
fédéral à la science.
Selon
l'autorisation de stockage, seuls des
déchets de basse et de moyenne activité furent stocké. Entre 1967 et
1978, 125.787 colis de faible activité sont ainsi entreposés à 750
mètres de fond. Ces colis sont en majorité des fûts d'un volume compris
entre 100 et 400 litres. L'activité radioactive totale déclarée étant
de 1.8 x 1015 becquerels. Ces déchets proviennent en grande partie de
l'usine de retraitement du centre d'étude nucléaire de Karlsruhe, à 20%
de centrales nucléaires et à 10% du centre de recherches nucléaires de
juliers. Entre 1972 et 1977, 1293 colis de moyenne activité sont
stockés à 511 mètres de profondeur. Ces colis ne sont autorisés que
s'ils sont stockés en fûts cylindriques de 200 litres, les matériaux
contaminés devant être incorporés dans du béton ou du goudron.
L'activité totale déclarée pour ces déchets est de 2,8 × 1015
becquerels. 97% de ces colis proviennent de Karlsruhe et une partie de
ceux-ci contiennent des matières fissiles, la limite par fûts étant de
200 grammes d'uranium 235, de 15 grammes d'uranium 233 et de 15 grammes
de plutonium 239. Bien que ces valeurs n'ont jamais été atteintes, on
estime alors qu'à 511 mètres, 25 kilos d'uranium et 6 kilos de
plutonium y sont stockés.
La demi-vie de ces éléments est de :
- 704 millions d'années pour l'Ur235,
- 159.200 ans pour l'Ur233,
- 24.000 ans pour le Pu239.
En 1976, la loi sur le nucléaire a été
mise à jour et le concept de stockage en couche géologique profonde
obtient enfin un statut juridique.
L'autorisation de stockage se termina en 1978 et plus aucun colis ne
fut stocké à Asse par la suite. En
2009, le Ministère fédéral de l'Environnement, de la Protection de la
nature et de la Sécurité nucléaire a fait savoir qu'une erreur de
recopie avait largement faussé la quantité enregistrée de plutonium et
qu'en réalité, 28 kilos sont stockés à Asse. Un nouvel inventaire
réalisé en 2010 a fait ressortir près de 15.000 colis non déclarés,
portant la radioactivité à environ 30 x 1015 becquerels. En
raison des vides laissés par l'extraction du sel, un immense problème
se pose. En effet, la déformation des sols atteint une telle proportion
que les parois perdent peu à peu leur cohésion. L'institut de mécanique
orographique de Leipzig, qui suit ce développement en continu depuis
1996, à pronostiqué qu'un accroissement significatif du rythme du
déplacement des sols se produirait dès le début de 2014. Ces
déplacements peuvent conduire à un afflux incontrôlable d'eau dans les
surfaces de stockages, ce qui endommagerait irrémédiablement les colis
ainsi que la stabilité générale de la mine. Ce problème était
connu depuis 1979 grâce au rapport d'un groupe de recherche indépendant
mais il fut rejeté et considéré comme "non scientifique", bien que la
direction des mines avait également fait part de ce problème dès 1965.
Entre
1988 et 2008, 32 entrées d'eau ont été recensées. Une partie provient
d'un effondrement dans la couche de potasse surplombant Asse II mais
les infiltrations les plus significatives proviennent des terrains
avoisinant. Elles sont captées à 658 mètres de profondeur et ont un
débit de 11.8 m³ par jour. La solution ainsi captée est surveillée
quotidiennement puis pompée et envoyée par camion-citerne à Bad
Salzdetfurth, Adolfsglück et Mariaglück, trois mines de la Kaliwerk und
Salz.
En 1990, une infiltration de saumure contaminée
au césium 137 est découverte à 750 mètres de profondeur et, bien que
cet afflut fut rapidement stoppé, l'humidité accumulée conduit
irrémédiablement à une accélération de la corrosion des fûts, mettant
ainsi au jour leur contenu radioactif dont les composés organiques
produiraient à leur tour du méthane. Le danger de ce gaz est qu'il
pourrait, au bout de quelques décénnies, conduire à un éclatement de la
mine, ce qui entraînerait une partie des matériaux contaminés vers la
surface. Une solution provisoire fut imaginée dans le but d'éviter
cette situation. La manoeuvre consisterait à injecter un fluide
protecteur à base de chlorure de magnésium qui comblerait les brèches
et les espaces vides laissés par l'exploitation. Il a été prouvé à
temps que cette solution accélérerait encore un peu plus la corrosion
des fûts et ce liquide ne fut jamais utilisé.
Entre 1995 et 2004,
certaines sections de l'exploitation ont été comblées avec des résidus
provenant du terril des mines de potasse de Ronnenberg, à raison de 18
wagons par jour. Ce comblement participa à la stabilité temporaire du
flanc sud de la mine. Cependant, il reste un certains nombre de points
à réaliser pour sécuriser totalement l'exploitation :
- La construction d'une barrière étanche,
- Le remplissage des galeries situées sous les 800 mètres,
- Le comblement des puits Asse II et Asse IV,
- La garantie d'une maintenance pour les siècles à venir.
En
2009, le bureau
fédéral de protection contre les radiations devient
responsable de la mine et à partir de 2010, un nouveau projet de
sécurisation est mis en oeuvre. Ce projet consiste à vider la mine de
ses déchets radioactifs par un nouveau puits et, après sécurisation de
ceux-ci, de les stocker à nouveau dans l'ancienne mine de fer de
Konrad, située à Salzgitter.
Le coût total de ce transfert sera compris
entre deux et six milliards d'euro , sur une durée de trente ans.