Les
plus anciennes traces d'exploitation du filon nommé "La Cruz" datent du
13 janvier 1566, date à laquelle le tailleur-mineur Luis de la Muela
enregistra une mine de plomb, de cuivre et d'argent dans le Val del
Oso, au nord de Linares. par manque de moyen, cette exploitation fut
hélas abandonnée à faible profondeur avant d'être reprise au 18ème
siècle par l'État qui se consacra exclusivement à l'extraction du
plomb. En 1825, Pedro de Mesa rachète la mine et décide d'exploiter à
nouveau le cuivre à l'aide d'une dizaine de mineurs locaux. Le
développement de la mine mène rapidement à la mise en place d'une
fonderie mais des difficultés financières oblige de Mesa à vendre ses
biens à une société française nommée Isodoro Pourcet y. Compañía.
La bonne fortune de cette compagnie entraîne divers autres sociétés à
s'intéresser au filon de La Cruz et c'est ainsi qu'à partir de 1832,
cinq exploitants sont présents dans la zone :
- Isodoro Pourcet y. Compañía,
- Gaspar de Remisa y Cía.,
- Manuel Alonso Viado,
- Candelaria,
- Miguel García et Rafael Armijo.
Cependant, toutes les mines du filon furent fermées entre 1840 et 1841
avant d'être reprises par la société
Cuadrado, Gedifer y. Compañía
qui réorganisa et modernisa les différents sièges dans un style
anglais, la direction et une majorité d'ouvriers venant également
d'Angleterre et c'est en 1848 que l'une des premières pompes à feu du
bassin fut installée sur la concession de La Cruz. C'est la même année
que la Isodoro Pourcet y. Compañía constitue, à l'ouest de La Cruz, la
Société des Mines de Cuivre et de Plomb de Linares. Des recherches
fructueuses permettent de découvrir plusieurs nouvelles veines dont
Alamillos et El Cobre. Les mines du filon de La Cruz changent encore de
propriétaire en 1855 et passent ainsi entre les mains de la Adam H. Pache y Compañía
qui fonce, dans la concession La Unión 1ª, 2ª, 3ª y 4ª, le puits de la
Unión avant d'y installer une nouvelle machine d'exhaure permettant
ainsi d'atteindre les 200 mètres de profondeur. Grâce à cette nouvelle
installation, la production s'intensifie enfin mais la mauvaise gestion
de la société scelle une fois de plus le destin de la mine de La Cruz
qui fut vendue aux enchères avec ses différentes concessions en août
1863.
Ces concessions étaient :
- La Unión 1ª, 2ª, 3ª y 4ª,
- La Venganza,
- San Francisco,
- San Juan de Dios,
- San Pedro y San Pablo,
- San Rafael,
- San Narciso,
- San Antonio 1º y 2º,
- Los Amigos,
- Los Dos.
L'enchère
fut remportée par Sebastián de Neufville, un banquier domicilié à
Paris, qui reprend les rênes de la société. En 1864, 160 ouvriers
travaillent pour cette dernière avec un cumul de production de 10.097
quintaux métrique. Trois ans plus tard, La Cruz absorbe la concession
San Ramón qui est limitrophe avec San Rafael avant d'être modernisée en
profondeur. En 1869, la société possède deux machines à vapeur, trois
treuils, dix fours à réverbère, seize maisons et un laboratoire. Hélas,
la production baissera significativement à l'aube du 20ème siècle, ce
qui conduira la nouvelle Compañía
La Cruz
à absorber les concessions Las Cadenas 1ª, 2ª y 3ª. Au début du 20ème
siècle, les activités de fonderie s'intensifient et, pour renforcer sa
production, la société décide d'acquérir auprès de la Société Buena
Amistad le groupe "Virgen de Araceli" situé à Baños de la Encina et
composé de trois sièges de production :
- Virgen de Araceli,
- Te Veo,
- La Recompensa.
Entre
1901 et 1910, la production passe de 656 tonnes à 2.791 tonnes de
minerai. En 1921, un incendie généralisé entraîne la mort par asphyxie
de 23 mineurs dans le puits N°7 qui sera partiellement abandonné par la
suite, le siège servant à présent au retraitement des tas de stériles
qui contiennent encore énormément de minerai, notamment de cuivre et
d'argent. C'est à cette époque que La Cruz décide d'absorber les
concessions de La Mejicana et de El Porvenir Oscuro dont les puits sont
modernisés et équipés de machines à feu. Cette nouvelle acquisition
permet à La Cruz d'augmenter sa production qui passe à 5.350 tonnes en
1922 puis à 7368 tonnes en 1925, ce qui constituera un record. Dans les
années suivantes, le cumul de production baisse drastiquement et
l'approfondissement des puits de la Unión et de Las Cadenas endette la
société qui tente de nouveaux sondages malheureusement infructueux.
C'est finalement en 1931 que furent fermées les mines liées aux
concessions de La Cruz, en
même temps que les mines voisines liées à la société Ancho. Quelques
nouvelles tentatives d'exploitation furent tentées à cet endroit
pendant la guerre
civile espagnole mais sans jamais retrouver le succès. La fonderie de
La Cruz continua malgré tout à fonctionner grâce au minerai importé des
veines San Juan-Esmeralda et El Cobre, dont les mines associées furent
louées après la seconde guerre mondiale à la Compañía La Cruz.
Cependant, la fermeture de ces
dernières signe la fin de la société et condamne l'usine qui ferme
définitivement ses
portes en avril 1986 avant d'être entièrement démantelée.