L'origine
de cette mine est très ancienne. En effet, on retrouve des traces
écrites de cette dernière dès 1565 dans le registre des mines de
Castilles sous le nom de “mina vieja”. Abandonnée à cette époque, cette
dernière revient sur le devant de la scène au début du 19ème siècle
lorsque les mines locales étaient rattachées au Crédito Público.
C'est à cette époque que plusieurs mineurs locaux réinvestissent
l'ancienne exploitation en lui donnant le nom de Tortilla. Cependant,
les filons situés en surface sont déjà exploités et la mine est à
nouveau abandonnée. Reprise en 1855 par Rodrigo Alaminos qui la
transféra la même année à une société présidée par Ildefonso Cañadas,
la Tortilla est approfondie mais de fortes venues d'eau empêchent de
poursuivre l'opération et les chantiers sont à nouveaux mis à l'arrêt.
En 1864, après être brièvement passé entre les mains d'Enrique Adolfo
Haselden, la mine est transférée à Tomás Sopwith, directeur général de Spanish Lead Cº Ltd.,
une société londonienne créée la même année pour l'exploitation de
cette mine. Après étude, il s'avère que les veines de la Tortilla sont
probablement un prolongement des veines situées sous la mine Ancho.
Profitant de l'occasion, Tomás Sopwith acquiert toutes les terres
situées entre la Tortilla et son rival, soit six concessions situées à
Arroyo de los Jarales et Masegosillas :
- Paquita,
- Santa Tomasa,
- San Pedro 1 et 2,
- La Prolongación,
- Añadida,
- Santa Margarita.
Hélas, les veines d'Ancho ne se prolongeaient pas dans cette zone et
l'entreprise n'eut pas le succès escompté. Sopwith décide donc de
prolonger sa zone d'exploitation à l'ouest de la Tortilla, dans une
zone seulement exploitée par des puits artisanaux dont le plus
mémorable est le puits "Camel", nommé ainsi car un chameau était
utilisé pour l'actionnement du treuil. En 1864, la première machine à
feu est mise en service et la mine, une fois modernisée,
entre dans une nouvelle ère industrielle. En trois ans à peine, la mine
atteint 22.084 quintaux métriques pour un effectif de 350 ouvriers. En
1968, la société décide de s'étendre en absorbant de nouvelles zones
d'exploitation comme Lord Derby, Lord Salisbury ainsi que les
concessions San Antonio, Dichosa y Buena Ventura, Juanico et La
Amistad.
C'est la même année que fut créée la Tomás Sopwith & Cº
Ltd., une nouvelle société créée pour remplacer la Spanish
Lead Cº Ltd. À cette époque, 314 hommes, 10 femmes et 51 enfants
travaillent à la mine Tortilla pour un cumul de production annuel
d'environ 32.000 quintaux métriques. C'est à cette époque que fut
construite une série de fours destinés au traitement de ses minerais.
En 1874, comprenant qu'une fonderie locale serait un complément idéal à
ses différents sites d'extraction, la société entreprit la construction
d'une gigantesque usine qui commença à fonctionner dès l'année
suivante. En 1880, le complexe de la Tortilla comprend différents sites
d'extraction, une fonderie, des ateliers, des écuries ainsi que des
entrepôts pour un total de 28 bâtiments hors habitations. Le cumul
d'extraction continua à monter en flèche jusqu'à la fin du 19ème
siècle, la meilleure période de son histoire s'étalant de 1887 à 1892,
époque où près de 80.000 quintaux métriques sont produits annuellement.
Le déclin des mines commence au début du 20ème siècle mais la société
poursuit ses sondages en se concentrant sur ses puits les plus
rentables dont voici la liste :
- Santa Annie,
- Santa Tomasa,
- Palmerston,
- Seigneur Derby,
- Seigneur Salisbury,
- San Alonso,
- Murchinson,
- Diablillos,
- San Frederico,
- El Convenio
- Victoria.
Les deux puits principaux sont le Santa Annie, qui possède 15 étages
pour 320 mètres de profondeur et le puis San Frederico qui possède 12
étages pour 238 mètres de profondeur. Cependant, l'approfondissement de
ces chantiers et l'étroitesse des puits entraînent de gros problèmes
d'exhaure. En effet, on estime l'afflux d'eau à près de 60.000 gallons
par heure, une grande partie provenant d'une galerie abandonnée qui
sera par la suite munie d'une digue et d'un tuyau d'évacuation relié au
puits Victoria dont la capacité de pompage avec sa pompe Worthington
s'élève à 7.000m³ par jour. Par la suite, la direction hésite entre
l'approfondissement des chantiers en vue de découvrir de nouvelles
veines ou la fermeture de la division extractive au profit des
activités de fonderie. Après quatre mois de négociation il fut
finalement décidé de fermer les mines liées à la Tortilla en date du 30
avril 1903. Reprises la même année par l'ingénieur-gérant Tomás Kidd,
les mines furent par la suite louées à une société indépendante
jusqu'en juin 1905 mais, avec une moyenne d'extraction de 50 tonnes par
mois, ces dernières furent à nouveau mises à l'arrêt. Cependant,
plusieurs recherches furent encore entreprises jusqu'en 1907, année où
furent extraites les dernières 320 tonnes de minerais.
En 1907, la société Tomás Sopwith & Cº Ltd. cesse ses activités
au profit de la Société
des Anciens Etablissements Sopwith. C'est cette même année
que cette dernière, alliée à la Société Minière et
Métallurgique de Peñarroya, fonde la Compañía Industrial Minera
de Linares qui a pour but l'exploitation de la mine El
Correo ainsi que la fonderie de la Tortilla. Une nouvelle étude
concernant la relance des mines de la zone est entreprise sans jamais
aboutir. En 1917, la fonderie devient la propriété de Peñarroya grâce à
l'achat de 37 237 actions sur les 43 000 qui composent le capital de la
Société des Anciens Etablissements Sopwith. Bien que dans les années
30, cette dernière traitait encore plus de 22.000 tonnes de minerais,
ce rendement déclina nettement après la guerre civile et la fin
programmée de l'extraction du plomb dans le district. En 1940, il ne
reste plus sur place que les anciens fours et les ateliers de
production, le reste des installations étant envoyé au Maroc, dans les
fonderies d'Oued El Heimer. L'arrêt définitif de la fonderie de la
Tortilla survint en 1967, peu après l'arrêt du groupe El Mimbre-San
Miguel.