Au
19ème siècle, l'accélération de l'aménagement du territoire belge
amorce la prospection et l'ouverture de carrières de pierres dans
toute la Wallonie. Ces recherches entraînèrent la découverte de
gisements de grès Famenniens (Dévonien supérieur / -385 à -359 millions
d'années) dans une zone couvrant les vallées de l'Amblève, du Bocq, du
Hoyoux, de l'Ourthe et du Samson où les premières excavations datent de
1846. On extrait à cet endroit du grès jaune et bleu d'extrêmement
bonne qualité et particulièrement prisé pour les pavés de route ainsi
que dans la construction. Cinq sites sont alors exploités dans la
vallée :
- carrière de Bizonzon,
- carrières aux Forges,
- carrière du Moulin,
- carrière Houyoux,
- carrière de Sorinnes-la-Longue.
En
1896, l'activité extractive représente environ 35% des emplois salariés
de Gesves, un pourcentage qui ne cessa de monter jusqu'à l'aube de la
première guerre mondiale où les carrières de grès englobèrent 64% des
employés de la région, dont une partie se lança dans le creusement de
nouvelles carrières artisanales. Après le conflit, l'entreprise
Caragrès
rachète les exploitations et les équipe de concasseurs.
Cependant, la main d'oeuvre se fait plus rare et les plus petites
excavations sont peu à peu abandonnées. La seconde guerre mondiale mit
fin aux sites d'extractions qui furent laissés à l'abandon jusqu'à la
libération, époque où Mr Bouchat reprit les carrières au sein de sa société René Bouchat
& Fils,
une entreprise spécialisée dans la construction de routes et d'ouvrages
d'arts. Durant les années suivantes, celui-ci fit évoluer les
installations et équipa la zone d'un important réseau de voies ferrées
à petite section désservi par des berlines de type Decauville. En
outre, la diversification des produits poussa également Bouchat à
construire un criblage sur le site de Bizonzon ainsi qu'un ascenseur
permettant d'évacuer le grès via un niveau inférieur. Lors de
l'Exposition Universelle de 1958, mille camions de pavés 5/5 provenant
des carrières de Gesves furent utilisés pour paver une partie de la
zone du Heysel. La réputation du grès de la vallée du Samson n'est plus
à faire mais, dans les années soixante, plusieurs opérations
financières défavorables entraînèrent de graves difficultés qui
menèrent à une forte baisse de régime puis à l'arrêt progressif des
exploitations. La faillite de la société, en 1974, pousse René Bouchat
au suicide et, devant l'absence de repreneur, les différents sites ne
furent jamais ré-exploités.