Après
la découverte du bassin houiller par André Dumont en 1901, la Campine
est en pleine effervescence et, entre 1901 et 1902, plusieurs sondages
furent effectués par la Société
Limbourgeoise de Recherches.
Gérée par Evence Coppée, Alfred Orban et Raoul Warocqué, cette société
est financée par les charbonnages de Ressaix, représentés également par
Coppée. C'est au nord de Genk que se concentre les premiers travaux
préparatoires et en 1906 une série de concessions furent accordées dont
la plus méridionale d'entres elles est la concession de
Genck-Sutendael. D'une superficie de 3.963hectares, elle fut attribuée
en 1912 à la nouvelle Société
Anonyme des Charbonnages de Winterslag avant d'être
concédée à deux groupes composés comme suit :
- Ressaix /
Société Anonyme Limbourgeoise de Recherches, - Ressaix /
Société Minière de Pitteurs-Hiegaerts.
Quant
aux parts de la société, elles sont majoritairement réparties entre les
groupes Coppée, la Banque de Bruxelles et Schneider-Creusot. En 1910,
les premiers travaux de fonçage débutent grâce au procédé de
congélation des sols. Habituellement utilisée sur une profondeur
maximale moyenne de 200 mètres, cette technique nécessita à Winterslag
une congélation sur plus de 430 mètres de profondeur, un record absolu
à l'époque. Après 53 forages, c'est finalement en 1911 que le puits N°1
fut achevé. Cependant, ce n'est que trois ans plus tard que le tout
premier bloc de charbon du bassin campinois arrive à la surface. Lors
de la première guerre mondiale, les travaux furent mis à l'arrêt
temporairement avant de reprendre avec l'aval des forces d'occupations.
Cette autorisation permit à Winterslag de produire industriellement dès
1917, après l'achèvement des installations de surface. Celles-ci sont
composées de deux chevalements, d'une centrale électrique, de
bains-douches ainsi que d'un triage et de grands bureaux, le tout dans
un style néo-traditionnel et néoclassique fortement inspiré de
l'architecture des charbonnages de Ressaix.
De nombreux
accidents surviennent à Winterslag qui est connue à l'époque comme une
mine peu sûre. La sécurité devient dès lors une priorité pour la
direction qui modernisa les installations jusque dans la période
d'avant guerre, faisant progresivement de Winterslag le siège le plus
sécuritaire du bassin campinois. En 1963, les installations du puits
N°1 furent remplacées par un chevalement automatisé et équipé de skips
d'une contenance de 12 tonnes chacun. D'une hauteur de 60 mètres, ce
monstre d'acier construit par la Société Anonyme des Ateliers de
Construction de Jambes possède quatre molettes actionnées par deux
machines d'extraction à poulie Koepe. Il est le chevalement le plus
récent du bassin tandis que celui du puits N°2 est le plus ancien. En
1967, alors que la production atteint un record de 1.635.000 tonnes de
charbon, le charbonnage fut intégré à la Kempense Steenkolenmijnen
avec
les mines restantes du bassin. Après la fermeture de Zwartberg,
Eisden et Waterschei, Winterslag devient la dernière mine active de
l'est du bassin. Les protestations se mêlent au désespoir des
travailleurs mais la fermeture du charbonnage fut finalement proclamée
le 31 mars 1988 après un cumul de production de 66 593 000 tonnes de
charbon.
Les installations de triage et les recettes furent démolies
par la suite mais, outre les deux chevalements et trois des quatre
machines d'extraction, une grande partie des installations sont
aujourd'hui sauvegardées et intégrées au complexe C-Mine. Il s'agit
pour moi de l'une des plus belles sauvegardes du pays, un véritable
régal à ne pas manquer.