Les
premières traces d'une exploitation de l'ardoise bleue à Recht
remontent au Moyen-Age. A cette époque, les exploitations à ciel ouvert
fleurissent un peu partout dans la région et au début du 18ème siècle,
le village connait un incroyable essor grâce à l'arrivée des tailleurs
de pierres Starck, Zangerle et Graff.
Ces maîtres tailleurs
étaient originaires de Kappl dans la vallée de Paznau en Autriche et
étaient tous des artistes sculpteurs de renom. C'est ainsi que de
nombreux habitants apprirent le métier de tailleur de pierre,
participant ainsi à la prospérité de Recht. La signature
caractéristique des tyroliens est notifiée par le symbole "JHS", on le
retrouve encore un peu partout de nos jours, notamment sur des
sculptures funéraires. A l'aube du 19ème siècle, on comptait une
douzaine d'entreprises familiales spécialisées dans le travail de la
pierre bleue. Celle-ci est utilisée entre autres pour la sculpture, les
encadrements de portes, les abreuvoirs ou encore pour la confection de
bassins à tanner dont on retrouve les traces dans les tanneries de St
Vith, Malmedy, Stavelot ou encore Anvers. Cependant, ces exploitations
s'avèrent compliquées et les difficultés dues à la profondeur des
gisements poussent les frères Margraff à creuser, en 1886, une galerie
à flanc de coteau : la Schieferstollen
Margraff. Le
but des Margraff est d'accéder aux couches les
plus profondes et les plus lucratives du bassin.
Entre 1890
et 1895, ils travaillèrent au creusement d'une seconde galerie située à
soixante mètres de profondeur. Le creusement avance d'environ trente
centimètres par jour et est réalisé grâce à des charges explosives.
Après 300 mètres, la galerie inférieure donne enfin accès à de la
pierre utile, la surface d'exploitation s'étend d'une centaine de
mètres de long pour une hauteur de plus de quatorze mètres. Les blocs
de schiste avaient un poids pouvant aller jusqu'à 750kg et étaient
transportés par wagonnets vers l'extérieur avant d'être débités en
ardoises pour toiture à proximité de la mine. A cette époque, 25
personnes travaillent pour les frères Margraff.
Malheureusement,
la mine se révèle très peu rentable. En effet, 80% des pierres
extraites sont des stériles et les 20% restant ne parviennent pas à
rembourser les frais liés à l'exploitation. C'est ainsi que
cette
mine d'ardoise ferma ses portes peu avant la première guerre mondiale.
Cette fermeture fut sans doute accélérée par le fait que la pierre
utilisée ne se prêtait pas vraiment à la confection d'ardoises de
toitures. Il était en effet impossible de fendre la pierre en ardoises
suffisamment fines et le poids de celles-ci entraîna de nombreux
effondrements de maison.
Malgré tout, quelques carrières à ciel
ouvert subsistèrent mais par manque de rentabilité, la dernière de ces
exploitations ferma ses portes en 1920, clôturant le chapitre de
l'extraction de la pierre à Recht.