Bien
que la présence de houille à Puertollano était attestée par les paysans
locaux depuis plusieurs décennies, le gisement fut officiellement
reconnu en juin 1873 par des ingénieurs de la sociedad minera Loring, Larios y Heredia,
une société influente dont le fondateur, Jorge Enrique Loring y
Oyarzábal, est notamment connu pour sa participation à la création de
diverses entreprises sidérurgiques dont les fameux hauts fourneaux de
Marbella ainsi que dans la construction d'une grande partie du réseau
ferroviaire situé entre Málaga et Córdoba. Durant les mois suivants,
des dizaines de sondages sont réalisés dans la périphérie de la ville
et c'est en 1874 que les premières concessions sont
délimitées dont Asdrúbal qui aura l'immense honneur de remonter pour la première
fois du charbon à Puertollano. Alors que toutes les mines commencent
à produire, celles-ci ne tardent pas à attirer l'attention des sociétés
étrangères dont la Compagnie française des mines et usines d'Escombrera-Bleyberg,
une société spécialisée dans l'extraction et la fonte de minerai de
zinc provenant notamment de la région de Plombière en Belgique.
Cependant, toutes ces concessions seront réunies par la Societé des Charbonnages de Puertollano,
une société fondée en 1873 grâce à des capitaux français. En 1874, une
nouvelle concession nommée María Isabel fut accordée au Comte de
Montarco, Eduardo de Rojas y Alonso. Ces deux concessions distinctes
permirent à la région de se propulser au premier plan de la production
houillère espagnole. De modernisation en approfondissement, de nombreux
sièges se démarquent dès la fin du 19ème siècle :
- le siège la Cruz, - le siège San Francisco, - le siège María Isabel, - le siège la Extranjera, - le siège la Cabosa, - le siège Asdrúbal, - le siège Argüelles, - le siège Valdepeñas.
En 1912, la quasi-totalité du bassin est rachetée par la Société minière et métallurgique de Peñarroya
qui opérait déjà dans la région de Guadiato depuis le 18ème siècle. La
plupart des mines de la région était exploitées en chambres et piliers
et la disposition du gisement était assez régulière pour faciliter le
passage à la mécanisation des chantiers. C'est ainsi qu'en 1917, la
production de charbon à Puertollano s'élève déjà à un million de tonnes
par an pour un effectif d'environ 5.000 ouvriers. La même année,
Peñarroya investit dans la construction d'une distillerie de schiste
bitumeux qui permettait d'obtenir différents produits pétroliers. La
rareté du pétrole dans l'Espagne d'après-guerre conduit rapidement la
société à continuer dans cette voie, ce qui mènera à la construction
dans les années quarante à la première grande usine pétrochimique de la
province de Ciudad Real. L'exploitation du pétrole est
réalisée grâce à plusieurs procédés :
- par gazéification, - par distillation, - par hydrogénation.
En
1927, Peñarroya met en oeuvre la construction du siège Norte afin de
remplacer le siège de la Cruz, qui était jusqu'alors l'installation la
plus rentable du bassin. Le nouveau siège se compose d'un chevalement
métallique de type Eiffel de trente mètres de haut, de différents
ateliers, d'une menuiserie ainsi que d'une gare de triage de wagons. En
1961, la rentabilité douteuse des installations pétrochimiques mènera
Peñarroya à remplacer ces dernières par une raffinerie plus
conventionnelle alimentée en pétrole brut acheminé depuis Málaga via un
oléoduc. La baisse de la demande en charbon entraîne la fermeture de
plusieurs sièges, la majorité des anciens mineurs étant réembauchés
dans le secteur pétrochimique. En 1960, il ne reste que 86 mineurs dans
le bassin. Le 31 décembre 1961, une violente tempête entraîne le
débordement de la rivière Ojailén et la submersion de toute la partie
centrale du bassin. Cet évènement mit précocement fin à plusieurs
sièges dont celui de la mine María Isabel qui ne s'en relèvera pas. Le
déclin houiller s'accentua encore durant les années suivantes et c'est
finalement en 1965 que la dernière berline de charbon remonte à la
surface. Cependant, en 1973, la crise pétrolière incite la Compañía Sevillana de Electricidad S.A.,
propriétaire de la centrale thermique Puertollano, de reprendre
l'extraction du charbon via une immense mine à ciel ouvert située dans
la concession de María Isabel. Les droits de cette nouvelle
exploitation furent acquis par l'homme d'affaires Teruel Plácido Úbeda
López pour une durée de trente ans. Aujourd'hui, alors que
l'exploitation de la houille à Puertollano fait partie du passé, il
reste énormément de traces liées à la mine.
Outre la gigantesque usine pétrochimique qui est toujours en fonction,
les vestiges de la première distillerie sont également visibles. De
nombreux chevalements sont encore debout dont celui du pozo Norte,
transformé depuis en musée de la mine.