Les
premières carrières d'étain de la colline de Montbelleux remontent à
l'Âge de bronze. Attestées par de petites dépressions en forme
d'entonnoirs, ces traces d'exploitations furent redécouvertes par
Fernand Kerforne, Professeur de géologie et de minéralogie à la Faculté
des Sciences de Rennes, en 1903. Outre l'étain, présent en
quantité, Kerforne découvre également un gisement de wolfram, un
minerais contenant du tungstène. Le tungstène est un métal assez rare
utilisé principalement pour réaliser des électrodes ainsi que des
filaments d'ampoule, il s'avère d'autant plus intéressant en alliage,
notamment sous forme de carbure de tungstène, un métal servant à la
fabrication de pointes ou de forets utilisés dans l'industrie minière
ou pétrolière.
La concession de Montbelleux, d'une superficie de
482 hectares, est accordée en 1903 et c'est la même année que les puits
Surcouf et Collet-Pintiaux furent mis en chantier par la Société des
Mines de Montbelleux. Ces travaux occupent alors deux
maîtres de fosse
ainsi que quatre-vingts ouvriers. Ces puits entreront en exploitation
en 1907 mais ils furent mis à l'arrêt en octobre 1908 en raison de la
baisse du cours du wolfram, mettant au passage 204 ouvriers au chômage.
Les
exploitations furent reprisent en 1910 par la société Gruzard-Clolus et
Courtois mais l'arrivée du premier conflit mondial mit à
mal
l'entreprise qui sera saisie par l'occupant dès le début de la guerre.
Afin d'augmenter la production de tungstène, utilisé alors pour le
blindage et l'armement, de nombreux prisonniers de guerre sont enrôlés
de force et un troisième puits, le puits Neuf, fut foncé, faisant
passer la production à 41 tonnes de minerais brut. À la fin de la
guerre, le lavoir de la mine est saboté et un important incendie dans
les installations de surface entraînera l'abandon de l'exploitation qui
sera mise en liquidation en 1936. Elle sera reprise un an plus tard par
Edgar Brandt, un ferronnier d'art parisien connu notamment pour avoir
réalisé la dalle du soldat inconnu sous l'Arc de Triomphe. Cependant,
Brandt ne relance pas immédiatement la concession car le carreau est
laissé à l'abandon depuis plus de vingt ans et en 1942, alors qu'il
s'est réfugié en Suisse, une délégation allemande accompagnée
d'ingénieurs de la Fried Krupp AG visite l'exploitation avant de la
saisir sans déclaration de réquisition.
Durant les mois
suivants, les allemands assèchent la mine et modernisent les
installations. Le puits Surcouf est équipé d'un chevalement en bois
construit en huit jours par l'entreprise Dortmundoise C. Deilmann qui
l'équipa également d'une machine d'extraction de 120cv et en 1943, la
Fried Krupp AG
prend la gestion de la mine. Edgar brandt tente alors
des démarchent auprès de la dynastie Krupp pour faire reconnaître ses
droits mais ne reçut aucune indemnisation. Alors que les combats
s'intensifient, le chevalement du puits Neuf est entièrement camouflé
et prend l'apparence d'un château d'eau. De nombreux blockhaus furent
également construits autour de la mine dans le but de protéger les
installations ainsi que l'important stock de dynamite.
En
juin 1944, l'avancée des troupes alliées oblige les allemands à évacuer
la mine. Avant de fuir, ils détruiront les bureaux, la station des
compresseurs, le lavoir ainsi le treuil du puits d’extraction. La mine
sera ensuite pillée par la population environnante qui emporta
l'outillage ainsi que les compresseurs, les rails et les wagonnets.
Le
pillage du minerais de Montbelleux fera partie de l'acte d'accusation
du procès d'Alfried Krupp à Nuremberg qui fut jugé coupable du décapage
de la mine et de la spoliation de 50 à 60 tonnes de métal rare. Après
le procès, le service des Mines français fait pression sur Edgar Brandt
pour qu'il reprenne l'exploitation, sans succès. Celle-ci sera confiée
à la Société des
Mines de Puy-les-Vignes qui réalisa de nouveaux
sondages et remit en état les anciens chantiers d'exploitation.
Entre
1980 et 1983, une descenderie ainsi qu'un lavoir gravimétrique d'une
capacité de 40 tonnes à l'heure furent construits. La production reste
malgré tout très faible et les coûts de productions mettent à mal
l'entreprise. Une nouvelle campagne de sondage sera lancée par la
société mais les chantiers seront définitivement arrêtés le 9 août 1983
suite à plusieurs effondrements liés à une mauvaise méthode
d'extraction.