L'arrivée
de capitaux allemands en Alsace amène la Deutsche Kaliwerk AG
à
s'intéresser au bassin potassique. Ce consortium basé en
Thuringe possède déjà plusieurs sociétés salifère dont la Kaliwerk
Bernterode.
Cet intérêt croissant pousse
la Gewerkschaft
Amélie à lui céder toutes ses concessions en 1911, la
Deutsche Kaliwerk AG cédant à son tour ces concessions en trois
groupes, tous gérés par des capitaux allemands.
- La Deutsche
Kaliwerk,
- Le groupe
Hohenzollern,
- Le groupe
Wintershall.
C'est
cette même année que le fonçage des puits Joseph et Else débute, le nom
des puits rendant hommage à Joseph Vogtet et à la belle soeur de
Fernand
Vogt. Le creusement dure deux ans et c'est donc en 1913 que
l'extraction de la potasse commence. Le fonçage des puits Marie et
Louise débute également cette année-là mais la déclaration de guerre
met un frein à la production qui ne reprit qu'en 1918, après la
signature de l'armistice. Le retour de la région alsacienne dans le
territoire français entraîne la mise sous séquestre des mines gérées
par l'Allemagne. La mine Joseph-Else fut reprise par l'Etat Français
qui décida d'agrandir les installations avec la construction d'une
chaufferie, d'un magasin, d'une remise à incendie ainsi que d'une
nouvelle lampisterie et une nouvelle salle des pendus. En 1924, les
sièges repris par l'Etat français prennent le nom de Mines Domaniales
de Potasse d'Alsace et c'est la même année qu'un second
moteur est
installé sur la machine d'extraction du puits Joseph. Le puits Else est
quant à lui doté d'un nouveau chevalement en béton armé construit par
la société belge Detournay. Il sera également équipé d'une nouvelle
machine bicylindroconique Vénot-Pélin en 1935. Le siège sera mis à
l'arrêt
en 1966 suite à l'appauvrissement du gisement, après avoir extrait près
de 22 millions de tonnes de potasse. L'exploitation de Joseph-Else
s'interrompt donc mais les travaux continuent à Amélie et à
Marie-Louise, les différents sièges étant tous reliés souterrainement.
À
cette même époque, une prise de conscience concernant la gestion des
résidus industriels à lieu et la nécessité de créer un centre de
stockage ultime pour les déchets de classe 1 et de classe 0 amène
l'état français à fonder, en 1980, l'entreprise Stocamine. Le
but de
cette société est d'enfouir ces déchets en couches géologiques
profondes.
En france, il existe quatre types de décharges :
- Classe 0 :
déchets hautements toxiques,
- Classe 1 :
déchets dangereux,
- Classe 2 :
déchets non dangereux,
- Classe 3 :
déchets inertes.
La
mine Marie-Louise s'étant arrêtée en 1998 et la fin programmée des
mines de potasse, à l'horizon 2004, amène Stocamine à étudier une
possibilité de stockage dans les anciens chantiers de la mine
Joseph-Else. Jugée exceptionnellement sèche, il est finalement décidé
d'enfouir les déchets à 535 mètres de profondeur, sous 300 mètres de
sel gemme. Cette disposition s'inspirant de l'expérience allemande de
stockage souterrain réalisé dans la mine d'Herfa-Neurode dans le Hessen.
Les règles de gestion du future centre de stockage sont les suivantes :
- Création d'une liste catégorisée des déchets autorisés,
- Création de critères d'exclusions de proximité,
- Création d'une procédure d'acceptation des déchets,
- Un conditionnement en fûts métalliques et en big-bags,
- Création d'un dispositif de traçabilité de l'historique des déchets,
- Création d'une cartographie complète des chantiers.
La capacité de stockage totale autorisée était alors de 320.000 tonnes
de déchets.
À
l'issue d'une enquête publique, le projet Stocamine hérite d'un avis
favorable et, après la création d'une commission de surveillance
présidée par le Préfet et les représentants de quatre collèges ( les
élus, les administrations, les associations pour la protection de la
nature et l’exploitant ), les premiers colis sont réceptionnés en
février 1999. Après trois ans de stockage, 42.011 tonnes de déchets ont
été entreposées.
Ils se répartissent comme suit :
- 23.021 tonnes de déchets de classe 1 :
- résidus d'incinérations
- déchets amiantés.
- 18.990 tonnes de déchets de classe 0 :
- terres polluées,
- déchets chromiques,
- déchets arseniés,
- déchets phytosanitaires,
- déchets mercuriels.
Le
10 septembre 2002, des mineurs travaillant dans les chantiers de la
mine Amélie sonnent l'alerte après avoir remarqué l'arrivée d'une fumée
épaisse dans les galeries accompagnée d'une forte odeur de brûlé. Les
chantiers d'exploitation sont alors évacués dans l'urgence et une
enquête est menée. La source de cette fumée est rapidement identifiée :
un important incendie causé par une réaction chimique dans des déchets
amiantés s'est déclaré dans le bloc 15. Dès la détection du sinistre,
quatre équipes d'intervention secondées par 25 pompiers se
sont
relayées pour circonscrire l'incendie. L'eau pulvérisée n'ayant aucun
effet sur les flammes, il fut décidé de construire trois barrages
d'isolement pour priver le feu d'oxygène. Cette technique de
confinement, allié à une injection d'azote, parvient à éteindre
l'incendie qui fut totalement maîtrisé onze jour après le début de
l'incident.
Cet incident marquera la fin prématurée des mines de
potasse d'Alsace dont les derniers chantiers en activité furent
irrémédiablement pollués par les émanations toxiques. Après enquête, il
s'avéra que la source de l'incident provenait d'une réaction entre des
produits amiantés provenant d'une toiture et des produits
phytosanitaires soufrés, la règle du critère d'exclusion mutuelle de
proximité n'ayant pas été respectée.
Le stockage de déchets
ultimes fut totalement arrêté en septembre 2003 mais la surveillance
des colis se poursuit toujours actuellement.
Je remercie Xavier pour ses superbes photos du sommet du chevalement du
puits Else.